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[CONVERSATION] Mickaël Réault, CEO de Sindup : de la veille au développement durable.

Mickaël Réault est CEO de Sindup, entreprise partenaire du 15e Gala de l’Intelligence Economique, qui a eu lieu le 30 juin pour célébrer les 25 ans de l’Ecole de Guerre Economique et les 10 ans du Portail de l’Intelligence Economique. Pour cette occasion, nous avons mené un entretien avec lui, pour lequel nous le remercions.

Portail de l’intelligence économique (PIE) :  Nous voulions tout d’abord vous remercier pour votre participation au Gala de l’IE. Pour entrer directement dans le vif du sujet, est ce que vous pourriez présenter tout simplement votre entreprise et vos services ?

Mickaël Réault (MR) : Sindup, est une société que j'ai créée il y a maintenant seize ans. Nous avons fait cinq années de recherche et de développement au démarrage et cela fait maintenant un peu plus de dix ans que nous déployons la plateforme dans des organisations de toutes tailles et de tous secteurs, privés comme publics. Le tout avec un enjeu : celui de la gestion de l'information et des flux d'informations, en particulier dans une dynamique de veille stratégique pour, à la fois faire face à la surinformation et, de plus en plus, à la désinformation. Ce n’est pas un sujet nouveau mais qui tend à s'intensifier. Tout cela passe donc par des outils pour structurer la démarche, automatiser tout ce qui peut l'être, de façon à mieux se concentrer sur la définition des besoins, l'analyse et la prise de décision. Nous avons également une  offre de conseil, d’accompagnement et de formation qui, au fil des années, est montée en puissance. Nous nous sommes, en effet, très vite aperçu, dès le lancement, que les outils de veille ne pouvaient pas simplement être vendus  et laissés entre les mains des utilisateurs, sans un accompagnement en termes de best practices, à savoir la définition des rôles et des besoins en termes de paramétrages ou d'optimisation du dispositif.

Nous avons donc structuré tout cela avec un centre de formation certifié Qualiopi et, désormais, quand on accompagne un client, avant même de parler d'outils, notre priorité est de réaliser un audit informationnel pour constater l'environnement, l'existant, les habitudes de consommation et de partage d'information et, surtout, de définir avec précision les objectifs et la stratégie de l'organisation. Puis, au regard de celle-ci, identifier les informations utiles pour nourrir la prise de décision et engager des actions concrètes et opérationnelles. Une fois ce travail d'accompagnement calibré,  nous prescrivons soit un déploiement de nos outils au sein des équipes, avec la conduite du changement que cela peut impliquer, soit du service si l'organisation n'est pas prête à se transformer et à changer ses habitudes. Auquel cas, nous allons répondre aux enjeux prioritaires en amenant des livrables, des études et des rapports clés en main pour faire en sorte que, tout de suite, nos interlocuteurs disposent d'une aide à la décision. Enfin, quand les équipes sont prêtes à internaliser la démarche de veille ainsi que les outils,  nous les accompagnons pour déployer la plateforme. Notre cœur de métier reste celui d’éditeur de logiciel. C’est notre principal modèle économique, mais nous avons donc élargi le spectre pour nous adapter à tous les cas de figure et à tous les stades de maturité des organisations dans leur rapport à la veille.

 

PIE : Quel est votre parcours personnel ?

MR : J’ai une formation en informatique industrielle suivie d’une première expérience dans un incubateur, même si, à l'époque, ça ne s’appelait pas encore ainsi. C'était en 2000, et cette  période de trois ans a été une deuxième école avec beaucoup de projets innovants et ambitieux. Il y en avait un sur lequel j'ai particulièrement travaillé, qui était une salle de marché en temps réel. Les flux d'informations financières arrivaient par satellite sur le toit du bâtiment, avec tous les algorithmes d’analyse Big Data et financière. Derrière il y avait des enjeux à la fois de stockage mais aussi d'analyse pour redistribuer ces flux de façon personnalisée aux traders et aux brokers. C’est ce qui a été la source d'inspiration de Sindup : transposer les outils dont disposait le monde de la finance au monde de la connaissance et donc de l'information textuelle. En considérant que le Web était finalement un flux déversé en permanence sur Internet, au même titre que tous ceux émanant des places de marché financières. Cela a bien évidemment nécessité d'adapter les algorithmes, puisqu'on ne traite pas la donnée financière de la même façon que la connaissance et le texte. En revanche, l'infrastructure et le schéma général sont inspirés de cet univers. Mon parcours a ensuite été entrepreneurial dans le numérique et le B-to-B, avec différentes entreprises dans lesquelles j'ai investi ou dans lesquelles j'étais soit cofondateur, soit au board, mais avec Sindup, toujours en fil rouge. L'évolution du marché de la veille nous a d’ailleurs amené à grandir avec lui. Quand nous nous sommes lancés, il n'était pas aussi mature qu'aujourd'hui. C'est toujours une activité que je porte à bras le corps avec plaisir, parce que c'est un métier porteur de sens et en évolution permanente. Surtout, nous sommes sortis d'une époque où la veille était simplement vue comme un plus ou un simple atout supplémentaire. Aujourd'hui, tout le monde a conscience que la guerre de l'information est véritablement au cœur du succès des organisations dans leur capacité à s'adapter. Dans un monde complexe et incertain, c'est donc devenu quelque chose d'universel et d'évident. Je continue d'être très investi dans la veille, l'intelligence économique et l'intelligence territoriale à travers Sindup et de plus en plus dans des engagements associatifs en lien avec les objectifs de développement durable. D’ailleurs, ces derniers imprègnent nettement l’orientation de Sindup puisque nous nous fixons désormais pour objectif de « mettre l’information au service de l’essentiel ».

 

PIE : Quel est l'état du marché de la veille en France ?

MR : Nous sommes en train de passer d'un marché très technocentré à un marché de la formation et de l’accompagnement autour d’une compétence qui, d'ailleurs, ressort de plus en plus dans des référentiels, y compris européens. Parmi les douze compétences transversales clés que tout professionnel doit acquérir, on retrouve notamment la gestion des flux d'information et donc la veille. Progressivement, les sciences de l'information, les bonnes pratiques et le développement de l'esprit critique vont se généraliser. Le marché en quête de « boule de cristal » est révolu. Aujourd'hui, nous nous dirigeons plutôt vers le développement de la pensée complexe, de l'intelligence collective et de l'animation en interne de réseaux de veille décentralisés qui s’appuient sur la technologie pour en faciliter la mise en œuvre au quotidien. On voit, finalement, un rééquilibrage s’opérer entre prestations de services, formations et technologies.

 

PIE : Vous parliez de la veille qui passe d'un milieu purement techno à un milieu plus humain. Est-ce que pour le développement de vos outils, vous prenez en compte les sciences cognitives, les nouvelles approches du cerveau, etc. ?

MR : Tout-à-fait. Le développement de la pensée complexe et de l'esprit critique, la prise en compte des biais cognitifs dans notre rapport à l’information sont autant d’aspects que l’on propose d’aborder lors des formations. Ce sont aussi des thématiques sur lesquelles nous faisons de la sensibilisation. Souvent, quand ces questions sont soulevées, la réaction est immédiate car on touche à un sujet qui parle à tout le monde. Après, la demande n'est pas forcément spontanée. Il faut parfois encore la susciter. Les organisations qui diagnostiquent ce besoin en interne sont généralement celles qui sortent d'une certaine désillusion et qui ont le sentiment d'avoir investi un petit peu à côté de la réelle évolution de leur marché. Ils ne sont pas majoritaires, mais c'est un signal faible qui est en train de monter. Cette prise de conscience les amène à penser qu’ils se sont focalisés sur quelques sources d'information et un récit, sans tenir compte des signaux faibles ou d'un spectre plus large qui leur aurait permis de mieux investir sur le long terme. Ils ont donc la volonté de se mettre en ordre de marche pour l’avenir et de déployer bonnes pratiques et nouvelles méthodes en interne : intelligence collective, transversalité. L’objectif est d’être en meilleure capacité de développer la « socio-perception » et donc la capacité à sentir l'évolution de la société, à percevoir et à mieux anticiper les signaux faibles et leurs conséquences éventuelles. C’est également se doter de la faculté d'avoir un spectre beaucoup plus large pour nourrir la vision et la stratégie. La dimension de la RSE, la responsabilité sociétale des entreprises, ressort d’ailleurs très nettement. Tous les enjeux environnementaux, sociaux et sociétaux sont en train de monter en puissance. La réglementation commence à sérieusement s’emparer de ces sujets car il y a véritablement urgence. Un grand nombre de rapports, à l’image de celui du GIEC, montrent qu’on s'apprête à traverser des périodes de crise et d'incertitudes importantes. Il va falloir réinventer beaucoup de choses. Cela amplifie à la fois cette forme de désillusion et nourrit la volonté d'être résilient pour se préparer à un avenir qui nécessitera, cette fois-ci, de ne pas trop se tromper parce que les situations vont pouvoir bifurquer en très peu de temps et dans une multitude de directions potentielles. Il ne s'agit pas de faire de la prospective au sens strict du terme, mais d'avoir des organisations en capacité d’identifier et d’interpréter des signaux hors de leurs silos afin de mieux appréhender leur environnement en toute circonstance, en permanence et en transversalité avec la mobilisation de toutes les compétences internes. Ce sont donc des démarches que l'on accompagne et pour lesquelles nous proposons des formations et des ateliers de facilitation. Pour cela nous faisons régulièrement appel à différentes expertises, par exemple celles issues du monde du journalisme qui, dans le secteur de la veille, peuvent apporter beaucoup pour le développement de l'esprit critique, la capacité à choisir et croiser les sources d'information, à lire entre les lignes, à investiguer pour avoir aussi la capacité de chercher l'information au-delà de celle qui se présente à nous d’elle-même.

 

PIE : Vous parliez de désinformation ou de fausses informations tout à l'heure. Est-ce que, en tant qu’éditeur de logiciels et presque « créateur de réalité », vous vous sentez une responsabilité ?

MR : Celle d’une obligation de moyens et de conseil, absolument. Il ne s’agit pas d’une responsabilité légale mais d’un engagement propre à Sindup. Les plateformes issues des GAFAM, elles, s’orientent de plus en plus vers une approche technocentrée qui consiste à déterminer, à la place des utilisateurs, ce qui est une bonne source ou une bonne information. En réalité, c'est une boule à facettes. Il n'y a pas une réalité, et encore moins une vérité absolue, que des algorithmes seraient en mesure de révéler. Cela dépend de ce que l’on recherche, de son secteur d’activité, de son profil utilisateur et de sa fonction. Cela ne se limite pas à la bonne et à la mauvaise information. Et c’est même très souvent relatif et au cas par cas. Mais, pour répondre précisément à votre question, notre  responsabilité, en tant que fournisseur et partenaire de nombreuses organisations, est de faire monter en compétences les clients dans leur capacité à identifier les informations fiables et utiles, à définir un sourcing adéquat pour chaque axe de veille et à bien utiliser les outils qui facilitent cette réappropriation de son environnement informationnel. Mais il ne faut surtout pas tomber dans la simplification à outrance de cette problématique qui est extrêmement complexe. En effet, la solution pourrait se révéler plus néfaste encore que le problème de départ en favorisant, toujours plus, la polarisation des débats dans une vision binaire du monde.

 

PIE : Peut-on dire qu’il existe des « biais algorithmiques », avec des bulles d'information émanant des grands groupes. Y a-t-il un moyen de lutter contre cela ou est-ce une fatalité ?

MR : Le fait d'avoir accès au back office d'une plateforme de veille privative, donc de ne pas dépendre de ces grandes plateformes proposées par les GAFAM, permet effectivement aux utilisateurs d'être autonomes dans leur capacité à concevoir leurs propres algorithmes. Que ce soit dans des logiques d’IA pure, avec l’apprentissage profond où ils vont pouvoir entraîner leurs modèles, ou bien en s’appuyant sur des algorithmes plus supervisés et qui filtrent l’information selon différents critères et mot-clés. Il s’agit avant tout de garder la maîtrise. A titre d’exemple, la plateforme Sindup dispose d’un moteur de suggestions personnalisées nommé FilterLive, qui, au fur et à mesure que l’utilisateur valide ou invalide les suggestions, un apprentissage automatique se fait. Ensuite, il est possible de le limiter, par exemple, à tel ou tel bouquet de sources, ou à certaines déjà été utilisées voire à se restreindre à la presse, aux médias professionnels, aux blogs ou autres. Cela permet d'avoir des critères évolutifs bien maîtrisés. L’utilisateur peut également définir ses propres équations de recherche à l’aide d’opérateurs booléens ce qui lui donne une meilleure maîtrise des critères de sélection quant aux remontées d’informations et la possibilité de capitaliser ses différents détecteurs et filtres. L’utilisateur est donc acteur. Il est aux commandes de sa plateforme de veille. Attention cependant à éviter de configurer des bulles informationnelles. Pour ça, il est important de laisser une place à la sérendipité et à la découverte de nouvelles sources. Par exemple, certains axes de veille peuvent être alimentés de manière très ciblée pour des raisons de gain de temps au quotidien, on va alors plus prédéterminer le type d'informations susceptibles de remonter. Certains axes de veille, eux, seront, au contraire, volontairement plus larges pour challenger son propre dispositif de veille quotidienne, avec plus de découvertes et de surprises. Ce qui est important durant la formation et la prise en main des outils, c'est de le conscientiser !

 

PIE : La veille n’est-elle pas devenue une mode ? On crée des postes, mais son importance réelle n'a pas vraiment été comprise ?

MR : Ce n’est plus la cas. Au contraire, ces dernières années il y a eu une réduction du nombre de postes dédiés au profit d’une décentralisation afin que tout le monde puisse contribuer à la veille et gagner en autonomie. Et cela dépend beaucoup de l'accompagnement. Chez Sindup, quand il n’y a pas, au sein d’une organisation, une démarche suffisamment volontaire, avec le soutien d'au moins une direction pour allouer les ressources qui conviennent, nous préférons dire clairement à nos interlocuteurs qu’ils ne sont pas prêts et leur expliquer que nous avons identifié le ou les points importants à résoudre avant de démarrer quoi que ce soit. Les équipes Sindup savent très vite reconnaître le profil de nos interlocuteurs, mais l’audit informationnel que nous réalisons est également fait pour ça. Ensuite, c’est au client de décider s’il souhaite ou non se mettre en ordre de marche à partir d’un plan d’actions que nous lui proposons. Si, en revanche, nous étions dans une logique court-termiste, pour démarrer le projet le plus vite possible, effectivement, de temps en temps, ça mènerait à un échec parce que tous les paramètres ne seraient pas réunis. Mais ce n’est pas notre manière de fonctionner. En effet, nous nous appuyons sur l’expérience acquise à travers plus de 700 projets de veille. Si une organisation n'a pas encore structuré sa démarche de veille, il y aura des étapes préalables qui ne seront pas forcément nécessaires sur une structure qui anime déjà un réseau de veille en interne. Il faut s'adapter à chaque cas de figure.

 

PIE : Pourriez-vous nous parler de vos projets d'investissement dans le développement durable ?

MR : Oui, c'est un sujet qui me tient à cœur. J'ai créé une association qui s'appelle Le Grand Rebond et qui se focalise sur les enjeux du développement durable, avec un certain nombre de projets menés en co-développement avec des partenaires pluridisciplinaires : réseaux d’entreprises, associations et acteurs de l’économie sociale et solidaire, tiers-lieux. C’est le volet très opérationnel de l'association. Elle a également une dimension liée à la sensibilisation, à la vulgarisation et au partage d'expériences. Le fait de s'engager de plus en plus dans les transitions – si on raisonne avec le triptyque environnement, social et sociétal – infuse aussi dans l'activité de Sindup avec la conviction que, de toute façon, d'ici peu, et c'est déjà en train de s'instaurer progressivement, plus aucun projet ne sera mené sans avoir ces enjeux au cœur de la stratégie et du modèle économique. C'est, par exemple, ce que l’on a pu observer avec le numérique. Au début de cette transformation, quelques-uns s'en sont pleinement saisis. D'autres ont tardé. Ces derniers en ont d’ailleurs payé le prix fort. Aujourd'hui, très peu de projets sont pensés sans volet numérique. Et, en ce qui concerne les enjeux du développement durable, il y a une course contre la montre liée à l'effondrement de la biodiversité et au dérèglement climatique. Tout cela va donc s'imposer de manière systématique. Notre enjeu, chez Sindup, est alors d'accompagner nos clients à être proactifs vis-à-vis de ces transformations pour les aider à ne pas rater leur rendez-vous avec l’histoire. Manquer ce virage aurait en effet de lourdes conséquences sur la société. Se lancer dans ces transitions nécessite d’avancer avec humilité car le défi est immense : il y a beaucoup de choses à réinventer et en même temps. Cela signifie que toutes les solutions ne sont pas forcément bien identifiées. Il s’agit donc d’un cheminement comprenant de nombreuses itérations. Et c'est en cela que la veille s'inscrit parfaitement dans la démarche : rechercher continuellement des informations utiles, challenger régulièrement les pratiques, acquérir de nouvelles connaissances, alimenter et stimuler la créativité, identifier de nouveaux acteurs pour nouer des partenariats, détecter de nouvelles technologies à intégrer, percevoir des signaux faibles, etc. Ainsi Sindup s'engage pour la transition ESG des organisations et des territoires en mettant l’information au service de l’essentiel dans la perspective des 17 ODD. C’est dans une démarche de veille RSE collaborative qui adresse la complexité des transformations que la plateforme, l’accompagnement et le centre de formation sont mis à la disposition des acteurs économiques, associatifs, administratifs et universitaires.

 

PIE : Nous vous remercions pour cet entretien, et, une nouvelle fois, d’avoir sponsorisé ce 25ème Gala de l’Intelligence Economique, qui fête les 10 ans du Portail de l’Intelligence Économique et les 25 ans de l’Ecole de Guerre Economique.

MR : Sindup est partenaire de l’EGE depuis maintenant une dizaine d'années. Nous sommes ravis de voir l'évolution de l'école et le thème « Servir la France » qui a été choisi pour fêter ses 25 ans. En effet, cela résonne avec notre volonté de servir les territoires et de s'engager vis-à-vis des objectifs de développement durable. D'ailleurs, nous avons annoncé à l'occasion du gala la création du Club ESS pour fédérer les étudiants et les anciens qui ont des activités ou des aspirations avec le secteur de l'Économie Sociale et Solidaire. On constate d’ailleurs que l'économie traditionnelle et l'ESS, petit à petit, nouent des liens étroits et tendent à se confondre. En effet les acteurs traditionnels cherchent à donner du sens à leur activité et à contribuer à l’émergence d’une économie régénérative.

 

Propos recueillis par Hubert Le Gall

 

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