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La Biélorussie, entre sanctions occidentales et tutelle russe

Au cœur d’un scandale suite à l’arrestation de l’opposant politique Roman Protassevitch, la Biélorussie s’est rapidement retrouvée sanctionnée par les Etats-Unis et l’Union Européenne. Pourtant, s’il semble que l’économie biélorusse soit menacée en raison de ces mesures coercitives, Moscou entend bien sauver “son petit frère”. Une guerre économique qui rappelle les heures sombres entre bloc occidental et bloc de l’Est.

Les sanctions internationales ne s’arrêtent pas. L’Union Européenne a interdit le 4 juin 2021 les compagnies aériennes biélorusses dans son espace aérien. Une sanction économique contre le régime de Loukachenko qui fait suite à l’arrestation de l’opposant politique Roman Protassevitch arrêté à l'atterrissage d'un vol reliant Athènes à Vilnius. Une décision suivie par le Conseil européen qui avait recommandé à “tous les transporteurs établis dans l’Union Européenne d’éviter le survol de la Biélorussie”.

L’UE est le second partenaire économique et commercial de la Biélorussie avec 25,1% des ventes à l’export. Exportant principalement des produits pétroliers “une interdiction d’achat de ces produits priverait le pays d’une source en devises”. Dans une logique de coopération avec Bruxelles, Washington a rétabli les sanctions envers Minsk en raison des manifestations violentes; Elles prendront effet dès le 13 juin. La situation dans le pays est selon Jen Psaki, porte-parole du gouvernement, “un affront direct aux normes internationales”. Mais la guerre économique qui se joue entre le bloc occidental et le “bloc soviétique” ne s’arrête pas là. En réponse aux sanctions américaines, la Biélorussie a annoncé le 3 juin des ripostes contre Washington. Selon l’AFP, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères biélorusse, Anatoli Glaz a déclaré que “nous ne pouvons pas laisser sans attention cette démarche inamicale […] des actions illégitimes qui vont à l’encontre du droit international et visant à faire pression sur un État souverain”. Des mesures coercitives qui concernent également la “réduction du personnel diplomatique, technique et administratif”. Minsk a également supprimé l’autorisation de travailler à l’Agence américaine pour le développement.

De l’autre côté, la Russie entend bien tirer profit de la situation et garder sous son aile son voisin biélorusse. A contrario de ses homologues occidentaux, Moscou n’a pas condamné Minsk, Vladimir Poutine entendant bien poursuivre la création d’un “paradis socialiste”. Selon Challenges, le média russe Openmedia.io “a calculé que la Russie a dépensé en vingt-cinq ans, pas loin de 120 milliards de dollars pour garder à flot l’économie locale”. Ainsi, l’hypothèse d’un effondrement économique biélorusse est peu probable en raison de la présence du “grand frère russe” en soutien. Selon l’économiste Serguei Aleksachenko, en cas d’embargo, “la Russie fera office d’intermédiaire afin d’aider à la production biélorusse”. 

La Biélorussie se retrouve donc isolée avec comme unique allié, la Russie. Avec une économie toujours sous le joug soviétique, Minsk entend bien dépasser les sanctions occidentales; Reste à voir qui gagnera cette nouvelle guerre froide.

 

Carla Lepers

 

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