Les propos peu amènes du ministre français de l’économie sur la stratégie industrielle d’Arianespace jettent un pavé dans la mare alors que les grands équilibres du secteur spatial sont remis en question.
Interrogé sur l’antenne d’Europe 1, Bruno Le Maire a notamment regretté l’absence de rupture technologique entre Ariane 5 et son successeur, Ariane 6, dont l’exploitation doit démarrer en 2020 (date de prévision du premier vol). Dans un environnement ultra–concurrentiel, au sein d’un marché déprimé, la réduction des coûts de lancement du futur engin européen – estimés à terme à 55 millions d’euros –, ne permettra pas de concurrencer Space X (35 millions d’euros). Les inquiétudes ministérielles rejoignent celles des organisations syndicales, qui relèvent de leur côté le décalage entre la recherche d’économies et le faible nombre de commandes. En phase de restructuration, l’entreprise Arianespace est désormais filiale d’Ariane Group (ex-Airbus Safran Launchers), détenue à parts égales par Airbus Defense and Space et Safran. Cette réorganisation, qui vise à optimiser la structure en vue du passage à Ariane 6, ne suffira certainement pas à améliorer les perspectives de la filière spatiale européenne.
En conséquence, Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, a demandé à l’Union Européenne de s’engager sur plusieurs lancements annuels (dans le cadre du déploiement du projet Galileo notamment) afin de sécuriser l’activité : elle n’a pour le moment rien validé.
Julien CACCIAGUERRA