Le 5 décembre dernier se tenait à l’intérieur du Technopark de Casablanca au Maroc la seconde édition des Assises Africaines de l’Intelligence Économique. Cet événement avait pour vocation de rassembler une partie de la communauté des experts continentaux et européens du management de l’information afin d’échanger sur les pratiques de la discipline mais également sur la performance de la diplomatie économique du Royaume du Maroc.
Vous trouverez le programme et la liste des nombreux participants ici.
Du doctrinal à des approches plus opérationnelles, les tables rondes se sont enchaînées, créant une véritable émulation entre les intervenants et le public. Ainsi les tables rondes ont donné la parole à de nombreux experts de la discipline. Ils ont réussi à développer l’idée qu’il y avait autant de pratiques d’intelligence économique que d’hommes, mais également celle que les modèles portés par les acteurs publics n’étaient pas forcément transposables d’un pays à l’autre, en ce sens que chaque environnement revêt un particularisme lié à des facteurs endogènes. Il a en effet été observé que de nombreux écueils en termes économiques trouvaient leurs origines dans une appréciation extérieure de déterminants locaux. Cette idée a été développée par Mohammed Talal, General Manager de La Voie Express Logistics et président de l’AEGE Maroc, et Jean-Baptiste Carpentier, commissaire français à l’information stratégique et à la sécurité économique. La réponse à ces erreurs passées repose selon eux sur une approche pragmatique basée sur une grille de lecture tripartite, s’appuyant sur les sphères économique, politique et sociétale de l’environnement ciblé.
De plus, en marge du débat mené par les panelistes, une véritable réflexion s’est engagée dans l’assistance autour du périmètre dévolu aux États dans la définition et la conduite des pratiques d’intelligence économique. Bien que l’unicité d’approche ait été rapidement écartée, c’est une définition pratique et hybride qui s’est imposée. Formulée par Abdelmalek Alaoui, Président de l'Association Marocaine d'Intelligence Economique (AMIE Center), sous le nom « d’approche marocaine », elle repose sur des axiomes de performance et se veut fédératrice des spécificités des meilleures pratiques économiques. Elle est définie ainsi : « observer comme les Chinois, analyser comme les Français et agir comme les Américains ».
Pour aller plus loin, l’après-midi a été consacrée à de multiples retours d’expériences, concernant notamment les pratiques de veille au sein des organisations telles que la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI). On pourra citer l’intervention de Jean-Michel Lavoizard, directeur de la société ARIS Intelligence, qui a brillamment démontré que la vocation première des pratiques d’intelligence économique était une application opérationnelle. Citons enfin Asmâa Morine Azzouzi, CEO de CAIS Consulting et présidente de l'Association des Femmes Chefs d’Entreprise du Maroc (AFEM), pour résumer la vision optimiste portée par ces Assises : « Transformons les disruptions en opportunités » car « c’est ici en Afrique que se trouve le potentiel mondial de croissance ».
Thibault Chanteperdrix
Directeur général & fondateur de Delta Knowledge Group