Veillemag organisait le 12 septembre 2018, le « Search Day 2018 » au centre Philippe-Auguste de l’ESG. Cette année, le fil conducteur de la journée se concentrait sur la collecte de l’information, autant sur son aspect théorique, avec des conférences thématiques, que pratique avec des workshops. Rassemblant professionnels et étudiants, les secteurs présentés étaient divers : automobile, assurance, santé ou encore agroalimentaire. Seuls manquaient des représentants du secteur de la Défense.
Au départ, un constat général : la recherche de l’information a été fortement impactée par l’aspect électronique. La veille ne consiste plus dans l’acquisition des données, mais dans la façon de les trier, de les analyser et de les identifier dans un web qui a tendance à uniformiser la pensée. En effet, la généralisation de l’internet a donné à chacun la capacité d’effectuer ses propres recherches sur les mêmes plateformes, ce qui a pour conséquences de donner des résultats uniformes. Dans ce cadre, les sociétés de collecte de l’information doivent donc s’adapter en se professionnalisant : au lieu de tirer l’information directement pour le client, celle-ci doit être analysée.
Les données collectées ont aujourd’hui une place primordiale. Souvent perçues comme néfastes elles peuvent être exploitées de manière éthique, permettant à la fois le développement de l’entreprise, d’une infrastructure ou de l’économie d’un territoire. Cependant, le risque est de concevoir un modèle économique pour récolter la data plutôt que de l’utiliser dans un ensemble plus important. Le danger des professionnels de la veille est ainsi de se couper de l’une des facettes de la collecte de l’information en abandonnant la source humaine. Le marché doit donc se structurer pour apporter les bonnes réponses aux besoins des clients.
Aujourd’hui, la veille est perçue comme un élément structurant d’un grand groupe, mais peu accessible aux PME/ETI du fait de sa spécialisation Elle y est moins structurée, informelle et ainsi inefficace. Et les intervenants de rappeler qu’elle manque souvent d’analyse alors que c’est aujourd’hui un élément nécessaire puisque l’information est disponible en trop grande quantité. Dans ce cadre, l’intérêt des entreprises de veille est de permettre aux PME/ETI de se concentrer sur leurs métiers, de structurer la veille afin d’assurer un gain de temps et de productivité. L’accès à l’information est par ailleurs différent selon les territoires.
Certaines régions du monde sont en effet encore peu sensibles au phénomène d’infobésité et sujets à la rétention d’information. Par exemple, sur le continent africain les canaux de transmission de l’information sont différents de l’Europe et les informations étatiques ne sont pas toutes fiables, entraînant l’utilisation presque exclusive de sources onusiennes ou étrangères. Lorsque l’information provient du continent africain, il y a un fort risque pour qu’elle soit dépassée ou déjà orientée. Par ailleurs, l’information n’est jamais disponible gratuitement et doit être transmise par un troc. Il s’agit d’un phénomène culturel à la fois présent dans les populations locales et dans les diasporas à travers le monde. Or, pour transmettre cette information, les populations locales doivent disposer d’un vecteur, le smartphone avec un abonnement, limitant, encore une fois, la portée de l’information. Il existe par ailleurs un fossé dans la collecte d’informations entre les zones urbaines et rurales. Dans les villes, il est possible de se fier à quelques organismes, des informations plus structurées, alors que dans les campagnes elle passe par des liens plus personnels avec leurs détenteurs. La collecte de l’information sur le continent africain amène à revoir le paradigme européen. Le veilleur, et par extension l’entreprise, doit se plier à la réalité du terrain : pour gagner le marché, l’entreprise doit fournir plus de valeur ajoutée dans son offre.
La veille est enfin différemment employée selon les métiers. En gestion de crise par exemple, la veille doit permettre d’éviter des actions d’influence On ne se base plus sur la récupération de l’information, mais sur son analyse, son filtrage, afin d’éliminer les informations non pertinentes. L’objectif du veilleur est alors de reconnaître les informations ayant un impact sur la réputation d’une entreprise, mais aussi d’étudier le risque qu’elles font porter sur elle en se diffusant. Ainsi par exemple, le secteur de l’agroalimentaire est fortement sujet au risque réputationnel puisqu’il a un impact direct sur l’alimentation ou la santé des populations. Les actions d’influence sont donc fréquentes, et conduisent à effectuer continuellement une veille, qui permet d’anticiper ou de prévenir certaines campagnes et de réagir en cas d’attaque. De manière plus générale, cette veille permet d’appréhender les habitudes des consommateurs.
Pour conclure, le Search-Day 2018 a mis à l’honneur la collecte de l’information et les emplois qui y sont associés au sein de plusieurs conférences thématiques. Pour cette collecte, l’outil informatique est largement mis à contribution, avec une plus ou moins grande amplitude. Cependant, la valeur ajoutée de ce Search-Day ne concerne pas tant les logiciels de veille que l’impact de l’humain et la façon de tirer les informations pour en produire une connaissance suffisamment pertinente pour être employée.
Jérémy Baot