Depuis début 2024, près de 66 000 entreprises en France sont entrées en défaillance, un nombre en nette progression. Parmi elles, les TPE et PME sont particulièrement fragilisées en raison de la hausse des coûts et des retards de paiement.
66 000 : c’est le nombre d’entreprises placées en défaillance » en France depuis le début de l’année 2024, selon le cabinet spécialisé Altares. Ces défaillances incluent un certain nombre de procédures qui interviennent pour les entreprises en mauvaise santé : mesures de sauvegarde, de redressement ou encore de liquidation judiciaire. Si elles constituent un bon indicateur de la santé entrepreneuriale d’un État, en France, leur nombre inquiète. La productivité a baissé tandis que les coûts énergétiques ont constamment augmenté depuis 2022. La fin du bouclier tarifaire, telle qu’annoncée par le gouvernement, peut difficilement permettre d’inverser la situation. En outre, les charges salariales restent très importantes alors que le chômage continue d’augmenter.
La fin de la perfusion ?
Si les mesures exceptionnelles mises en place pendant la pandémie de Covid-19 ont permis aux entreprises de subsister, elles ont également eu pour effet de transmettre le « virus de la défaillance ». 804 000 entreprises ont ainsi pu bénéficier d’un prêt garanti par l’État (PGE) ; un prêt qu’il faut aujourd’hui rembourser alors même que les entreprises souffrent d’un manque de trésorerie. Cette situation entraîne de facto une augmentation des défaillances. À cela vient s’ajouter la fin des aides telles que le chômage partiel et le fonds de solidarité. Ces mesures ont coûté près de 145 milliards d’euros, un interventionnisme que l’État ne peut plus se permettre aujourd’hui.
Les TPE-PME particulièrement concernées
Dès 2022, le parachute économique a commencé à se morceler. Après avoir enregistré un nombre de défaillances historiquement bas en 2020 (28 000 entreprises concernées), les très petites entreprises (TPE) connaissent aujourd’hui d’importantes difficultés économiques. Ainsi, on enregistre 40 000 défaillances dès 2022. Si les TPE sont, de manière générale, davantage impactées par les crises en raison de leur fragilité, elles sont rejointes aujourd’hui par les petites et moyennes entreprises (PME). En cause, l’augmentation des coûts de l’énergie et des matières premières dans l’ensemble des secteurs a entraîné une hausse des coûts de production, répercutée à son tour sur les prix. La demande, elle aussi impactée par l’inflation, n’a pas suivi. Le cabinet Altares indique que les procédures de défaillance d’entreprises concernant les PME de plus de 50 salariés ont augmenté de 47 % au troisième trimestre de 2024. D’autre part, le risque de faillite des grandes entreprises induit un effet domino pouvant entraîner de nombreux fournisseurs dans un état de fait similaire. Cette situation a des conséquences sur l’emploi, dans un contexte où l’on craint déjà une hausse significative de la fiscalité des entreprises.
Défaut de paiement, la France en difficulté
Dans ce climat déjà peu propice aux affaires, Altares pointe également une hausse des retards de paiement. En la matière, la France n’est pas un bon élève. Au premier semestre, 85% des entreprises ont été exposées à ce problème, affichant ainsi un délai moyen de 51 jours contre 32 en Allemagne. Seulement une entreprise française sur deux procède au paiement dans les temps, ce qui alourdit un peu plus les trésoreries des entreprises alors que la situation est déjà sous tension. L’Observatoire des délais de paiement estimait à 15 milliards d’euros le manque de trésorerie des PME en 2022 en raison de ces retards. Un risque important puisque les retards dépassant le seuil des 30 jours augmentent la probabilité de défaillance du fournisseur de 25 % à 40 %, explique Thierry Millon, directeur des études d’Altares. L’assureur-crédit Coface indique par ailleurs qu’un quart des défaillances d’entreprises tricolores seraient dues à des impayés. La France n’est cependant pas la seule à subir cette crise. Les défaillances d’entreprises à travers le monde ont en effet augmenté de 11 % en 2024 selon Allianz Trade.
Grégoire MELIN
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