Les tensions diplomatiques et commerciales franco-algériennes s’intensifient

Depuis décembre 2024, les relations diplomatiques entre Paris et Alger se sont aggravées. Derrière la polémique médiatique des « influenceurs algériens », le conflit s’étend également sur le terrain économique.

En 2024, les échanges commerciaux bilatéraux ont drastiquement chuté, pour atteindre 5,4 milliards d’euros contre 11,8 milliards en 2023. La France, deuxième partenaire commercial de l’Algérie, importait pourtant 30 % des hydrocarbures algériens. Cependant, depuis la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara occidental par la France le 30 juillet dernier, le gouvernement algérien menace d’imposer des sanctions économiques aux entreprises françaises exerçant dans le pays. Elles sont estimées à 450. Les sociétés du secteur des hydrocarbures, notamment TotalEnergies et Engie, sont  aujourd’hui les plus exposées à ces rétorsions. 

Alger a mené de nombreuses actions. À titre d’exemple, en octobre 2024, certaines entreprises françaises ont été exclues d’un appel d’offres pour le blé tandis que les sociétés étrangères ont été dissuadées de proposer du blé d’origine française. Un mois plus tard, des autorisations pour des opérations d’import-export avec la France auraient été bloquées. Ces informations, bien que démenties par les autorités algériennes et dénoncées comme étant « erronées et totalement infondées », soulèvent des interrogations : véritable réfutation ou crainte de potentielles conséquences ?

Pourtant, ces tensions pourraient davantage nuire à l’Algérie, dont l’économie reste dépendante de la France dans plusieurs secteurs clés. En effet, en 2023, l’Algérie a importé pour 1,9 milliard d’euros de produits industriels, un milliard d’euros d’équipements mécaniques, 408 millions d’euros de produits agroalimentaires et, enfin, 276 millions d’euros de produits agricoles. En parallèle, la France a quant à elle diversifié ses approvisionnements énergétiques (Norvège, États-Unis) afin de réduire sa dépendance au pétrole et gaz algériens. 

Jusqu’alors, Paris s’était limité à des déclarations officielles. Toutefois, un tournant semble avoir été pris le 10 janvier dernier lorsque l’Algérie a refusé le renvoi sur son territoire de « Doualemn », influenceur accusé d’avoir incité à la violence. Le ministre de l’Intérieur a déclaré que dans un contexte où l’Algérie cherche à « humilier la France », « tous les moyens à disposition » doivent être évalués. Désormais, le gouvernement français semble étudier différentes possiblités, notamment concernant les relations commerciales, mais aussi les visas de citoyens algériens.

            Alix Cocard-Lozano

Pour aller plus loin :