Le 13 avril, le projet de blockchain Mantra a connu une chute de 90% en quelques heures, de manière très inattendue par les investisseurs.
Le projet Mantra est une blockchain de type Layer 1, comme Bitcoin ou Ethereum : il ne dépend pas d’un autre écosystème pour fonctionner car il a son propre réseau de nœuds validateurs de blocs et son mécanisme de consensus, comme les plus connus, Proof of Work (PoW) ou Proof of Stake (PoS). Le projet se concentre sur la tokenisation des actifs du monde réel (Real World Asset RWA). Il forme un véritable écosystème nommé OMniverse.
Des rumeurs de rug pull
L’annonce de ce krach brutal a envoyé des ondes de choc à travers la communauté crypto. Le token, alors encore valorisé à 6,30 milliards de dollars, a chuté à moins de 0,5 milliards en quelques heures. Les réactions immédiates ont donc supposé un rug pull : un scénario dans lequel les développeurs abandonnent un projet après avoir levé des actifs, laissant les participants des tokens sans valeur. Certains ont spéculé que l’équipe Mantra aurait pu avoir utilisé leur token comme garantie. D’autres ont pointé du doigt la grande quantité de stocks détenue par l’équipe et les ont donc accusés de vendre en gros. Les réactions ont vite pris de l’ampleur face au retard de communication officielle de Mantra par rapport au chaos. La première prise de parole du responsable a donc été de nier toute implication de l’équipe, sans fournir de plus amples explications.
Souveraineté technologique et dépendances cachées
Le scandale Mantra illustre la fragilité structurelle de certains projets de cryptoactifs et du Web3, souvent perçus comme innovants et souverains, mais reposant en réalité sur des écosystèmes opaques et centralisés. Ainsi, la forte concentration des tokens entre les mains de l’équipe fondatrice révèle un déséquilibre de pouvoir, rendant ces projets vulnérables à des manipulations internes. L’explication finalement fournie de liquidations forcées n’a pas convaincu toute la communauté.
Ce genre de crise légitime donc des initiatives européennes telles que MiCA (Markets in Crypto-Assets). Cette dernière, entrée en vigueur en 2024, pousse une vision régulée et contrôlée des actifs numériques, tout en encourageant l’émergence d’acteurs français et européens crédibles dans le domaine de la tokenisation d’actifs.
Emma Otwinoski pour le club Data de l’AEGE
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