L’Ukraine nationalise le motoriste Motor Sich pour contrer l’influence chinoise

L’Ukraine a annoncé le 11 mars la nationalisation du motoriste Motor Sich, le géant aéronautique. Une décision qui risque de déclencher des tensions avec la Chine qui détient la majeure partie des parts du groupe.

C’est à l’issue d’une réunion s’étant tenue le 11 mars dernier que le Conseil de Sécurité et de la Défense nationale a fait le choix de nationaliser le motoriste ukrainien Motor Sich. Ce dernier est un des plus grands fabricants de moteurs d’avion et d’hélicoptères au monde, produisant principalement des moteurs ukrainiens et russes, dont le Progress D-18 qui propulse l’Antonov An-124 et l’An-225 Mriya, le plus gros avion du monde. Par cette décision stratégique, le secrétaire de du Conseil national de défense, Oleksiy Danilov, a annoncé le “retour au peuple ukrainien” de Motor Sich. Une décision qui n’a pas manqué de faire bondir Pékin puisque depuis plusieurs années, Motor Sich est détenu à 75% par le groupe chinois Beijing Skyziron Aviation.

 

Historiquement, en 2014, l’annexion de la Crimée par la Russie avait fait perdre à l’entreprise ukrainienne 40% de son marché. Une situation profitable à la Chine qui, dès 2016, s’était empressée d’en prendre le contrôle. En 2018, Kiev a gelé les actions de Motor Sich, souhaitant contrer Pékin. Pourtant, en décembre 2019, des investisseurs chinois avaient lancé une procédure d’arbitrage international contre l’Ukraine, réclamant 3,5 milliards de dollars. Une opération très mal perçue par les Etats-Unis, partenaire de Kiev dans son conflit avec Moscou. Soucieux de voir la Chine prendre du terrain dans la course, le département américain du Commerce avait mis Skyrizon sur liste noire en janvier 2021, déclarant que les “investissements prédateurs et les acquisitions technologiques de la société en Ukraine représentaient un risque inacceptable de détournement vers une utilisation militaire en République Populaire de Chine”.

En nationalisant Motor Sich, Kiev a fait le choix politique de ne pas compromettre une possible future intégration au sein de l’Union Européenne, qui pourrait avoir lieu dès 2023, malgré une volonté de rapprochement avec Pékin.

Carla Lepers

 

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