Dernière sommation pour Twitter : 30 jours pour se plier à Moscou

Suite à une loi fédérale promulguée le 1er février en Russie, le gouvernement donne 30 jours à Twitter pour supprimer de nombreux messages jugés illégaux. Sans action de la part de l’entreprise américaine, cela pourrait marquer la suppression de l’application sur le territoire russe. Cette volonté de l’État russe s’inscrit dans une logique de guerre informationnelle, à la frontière de la politique et de la souveraineté numérique.

Ce mardi 16 mars, la Russie, en la personne de Vadime Soubbotine, directeur adjoint de la police militaire interne, le Roskomnadzor, a annoncé qu’elle bloquerait le réseau social Twitter sous 30 jours, si ce dernier persiste à ignorer les demandes du gouvernement. Moscou a multiplié les critiques vis-à-vis de nombreux réseaux sociaux ces dernières semaines, les accusant de laisser en suspens de nombreux contenus jugés illégaux : incitation au suicide ou pédopornographie par exemple. Bien que la plupart des entreprises ont coopéré et modéré d’une manière accrue leur contenu à la suite de la promulgation de la loi “Information, technologie de l’information et protection de l’information”, le 1er février, Twitter a ignoré ces demandes et s’est attiré les foudres du Kremlin.

L’origine de cette demande sous-jacente serait les nombreux messages et réseaux de soutien à Alexei Navalny, un des principaux opposants au régime. Véhiculé en masse sur l’ensemble des réseaux sociaux, dont Twitter principalement, cet élément constituerait la raison principale qui motive la campagne du gouvernement à l’encontre des réseaux sociaux. Les tensions ont monté d’un cran la semaine dernière, lorsque la Russie a décidé de limiter la vitesse de Twitter, sur l’ensemble des appareils mobiles et sur la moitié des postes fixes : le chargement de l’ensemble des messages, images et vidéos étant très fortement impacté. Cette décision technique avait pour but de forcer la main à l’entreprise américaine, mais devant l’échec de cette mesure, une escalade des tensions a conduit à imposer une date limite au réseau social pour agir. 

Cette offensive russe, menée par son armée sur l’internet, s’inscrit dans une logique de contrôle et de conquête. Cette souveraineté est recherchée depuis plusieurs années et plusieurs initiatives similaires ont été menées dans le passé, comme avec la tentative de blocage de Telegram en 2018, dirigée également par le Roskomnadzor. Twitter représentait 32,5 millions de messages sur l’année 2020, loin derrière les 496 millions de Vkontakte, le réseau social russe. Économiquement, son blocage donnerait un poids supplémentaire à l’internet russe, qui marche dans les traces de l’internet Chinois, et qui allie aujourd’hui des compétences techniques et juridiques pour accroître sa souveraineté.

                                        Maël CAILLETTE

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