Jeudi 20 mai 2021 la fusion entre Essilor et le groupe Italien Luxottica a été entérinée. Présenté dès 2017 comme une fusion, le groupe français va finalement être totalement absorbé par le groupe italien. Pour l’économie française, c’est à nouveau un fleuron français qui est vendu à une entreprise étrangère.
Le 16 janvier 2017 avait été annoncée la fusion à venir d’Essilor, multinationale française et leader mondial des verres ophtalmiques et de l’entreprise Luxottica. L’entreprise italienne est aujourd’hui l’un des leaders mondiaux de fabrication de monture de lunettes et dispose aujourd’hui de marques comme Ray-ban ou Oakley et est un distributeur de Persol, Versace, Prada. L’objectif de la fusion est de créer un groupe de plus de 45 milliards de chiffres d’affaires et de créer des synergies pour rapprocher deux entreprises complémentaires.
Mr Hubert Sagnières, ex-PDG d’Essilor, avait précédemment essuyé un refus du board de l’entreprise française pour avoir essayé de fusionner en 2015. Le board avait nommé quatre administrateurs chargés de surveiller le PDG. Olivier Pécoux, associé chez Rothschild, faisait notamment partie des 4 administrateurs. En 2016, Mr Sagnières reprend les négociations sans l’aval du board et met Olivier Pécoux dans la confidence, ce dernier est banquier conseil de l’entreprise française mais aussi un proche d’Emmanuel Macron.
L’opération présentée comme un mariage entre égaux a rapidement tourné à l’avantage de l’entreprise italienne, emmenée par son PDG historique Leonardo Del Vecchio. En effet, dès mars 2019 des tensions avaient éclaté entre Mr Sagnières et le PDG de l’entreprise italienne, ce dernier reprochant au dirigeant français de ne pas respecter le système de gouvernance partagé qui avait été acté lors du rachat. Les tensions n’ont jamais pu s'apaiser, si bien que dès septembre 2020, Bpifrance était monté au capital du groupe à un peu moins de 5% afin d’assurer un ancrage français à la nouvelle entité.
Jeudi 20 mai 2021 la fusion définitive du groupe devait être finalisée, après que l’accord prévu en 2017 arrive à son terme. Le groupe va maintenant se prononcer sur un nouveau conseil d’administration dont un fidèle du dirigeant italien, Monsieur Francesco Milleri, devait être nommé PDG. Dès mai 2017 des dirigeants de l’entreprise française démissionnent, en effet PWC alors cabinet d’audit de Luxottica, propose de réaliser l’Offre publique d’échange dans le sens contraire de ce qui était prévu. Dès septembre 2018 certains administrateurs d’Essilor envisagent d’annuler la fusion, mais Hubert Sagnières poussera pour continuer le processus.
En décembre 2020, le PDG français demande à prendre ces droits à la retraite, quelques mois avant que la fusion soit finalisée. Il laisse derrière lui un des leaders français aux mains d’une entreprise italienne et des salariés qui craignent pour leur emploi. A nouveau, un fleuron industriel français est vendu à une entreprise étrangère.
Pierre Gonsolin
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