Près d’un mois après la mise en service de son premier terminal méthanier flottant en Mer du Nord, dans le port de Wilhelmshaven, le chancelier allemand Olaf Scholz a inauguré le 14 janvier 2023 un second terminal d’importation de Gaz Naturel Liquéfié (GNL). D’une capacité de 5 milliards de mètres cubes par an de regazéification, cette nouvelle infrastructure devrait permettre de couvrir 5% de la demande du pays.
Ce nouveau terminal flottant, résultant d’un accord signé le 13 juillet dernier entre l’allemand Deutsche ReGas et le français TotalEnergies, s’inscrit dans un contexte de reconfiguration des approvisionnements gaziers européens depuis le début de la guerre russo-ukrainienne. En effet, privée du gaz russe, dont l’Allemagne était dépendante à hauteur de 55 %, Berlin s’est tournée d’urgence vers le GNL depuis la fin des livraisons de Gazprom et le sabotage des deux gazoducs Nordstream. C’est ainsi que le 13 janvier, le leader français des hydrocarbures et troisième acteur mondial du GNL a annoncé la mise en service d’une de ses deux unités flottantes de regazéification (FSRU), Le Neptune, dans le terminal "German Baltic Sea", situé en mer Baltique.
Cependant, les négociations entre les énergéticiens allemands et les principaux fournisseurs mondiaux (États-Unis, Canada et Qatar) s’avèrent complexes. Afin de respecter ses engagements en matière de transition énergétique, Berlin souhaite conclure des contrats courts, alors que les producteurs, cherchant à rentabiliser et à assurer leurs investissements, préfèrent des contrats à long terme. Or, pour le moment, seul un contrat long terme a été signé entre QatarEnergy et ConocoPhilips. L’entreprise américaine injectera en moyenne 2,5 milliards de mètres cubes de gaz qatari chaque année sur le marché allemand à compter de 2026. Cependant, une telle quantité demeure largement insuffisante pour combler un manque s’élevant à près de 50 milliards de mètres cubes en 2022. Ainsi, l’Allemagne demeure, au moins à court terme, sous la menace d’un manque de gaz naturel, pourtant essentiel à la survie de son industrie.
Par ailleurs, l’Allemagne devrait inaugurer quatre nouveaux terminaux méthaniers courant 2023, portant ainsi ses capacités d’importation de GNL à environ 32 milliards de mètres cubes. Le choix du gouvernement allemand est fortement contesté, tant au sein du pays qu’au niveau européen. En effet, le GNL est non seulement plus cher mais également bien plus polluant que le gaz naturel conventionnel. En outre, de nombreuses personnalités critiquent le choix d’un partenariat avec le Qatar, récemment accusé de corruption au sein des plus hautes instances européennes.
Grégoire Loux
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