En Suisse, l’intelligence économique a du retard

Alors que l’espionnage entre gouvernements refait surface à la faveur de l’affaire Snowden, l’intelligence et la veille économique deviennent des atouts stratégiques pour conserver ou conquérir de nouveaux marchés.

«Nous sommes loin de James Bond, de Kim Philby et même d'Edward Snowden», lâche un spécialiste de l'intelligence économique en poste à Genève. Lui et tous ses confrères tiennent à cette distinction: l'intelligence économique ne correspond pas à l'espionnage.

Pour autant, la recherche d'information et de renseignements se développe en Suisse. Certes, «la Suisse n'est clairement pas en avance dans ce domaine: les acteurs économiques n'ont pas encore intégré ces réflexes», analyse Stéphane Koch, spécialiste de l'intelligence et de la veille économique et vice-président de High-Tech Bridge.

Distinguer multinationales et sociétés suisses

Mais l'activité se développe depuis quelques années. Avec de grandes disparités. «Il faut distinguer les grands groupes internationaux implantés en Suisse et le tissu économique local: dans les entreprises internationales, la présence de cadres étrangers, anglo-saxons en particulier, qui ont l'habitude de ce genre de pratiques, fait évoluer les mentalités», précise Yannick Poivey, du cabinet One Intelligence.

Jusqu'à récemment, certains traits culturels suisses freinaient le développement de l'activité. «Il y a en Suisse une culture du secret qui pousse les dirigeants d'entreprises à privilégier les solutions internes plutôt que de faire appel aux spécialistes. Et quand ils osent sortir de ce cadre, ils préfèrent plutôt se tourner vers des sociétés suisses, avec les limites que ce réflexe peut avoir», note un responsable d'un cabinet international en gestion des risques, présent aussi sur la Suisse.

Taille critique et sous-traitance

Ces limites, ce sont celles de la taille critique, du réseau, et donc de la capacité à réunir avec efficacité l'information souhaitée. Une entreprise depuis longtemps sur le marché et ayant des antennes partout à travers le monde serait plus apte à récolter les renseignements souhaités via des sources, des consultants ou des sous-traitants fiables, éprouvés au fil du temps.

Avec toujours la volonté de limiter au maximum la sous-traitance: «Plus on sous-traite, plus on court le risque de perdre en fiabilité de l'information, ou de voir certains prestataires employer des moyens illégaux pour la récolter», avertit ce même manager.

 

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