EPHEMERIDE DE L’IE – Février 1848, publication du Manifeste du parti communiste

Paru en février 1848, le Manifeste du Parti Communiste est très connu pour la théorie de la lutte des classes… et beaucoup moins pour ses analyses économiques, d’une actualité pourtant brûlante!

Le Manifeste du Parti Communiste (en version originale « Manifest der Kommunistischen Partei« ), a été écrit par les allemands Karl Marx et Friedrich Engels en 1847 et est paru en février 1848. Les auteurs y expliquent que la société a toujours été le théâtre d’une lutte entre oppresseurs, les propriétaires des moyens de production, et opprimés, les travailleurs qui produisent au profit des premiers. Ce petit ouvrage est très connu pour cette théorie de la lutte des classes, qui y est exposée comme le moteur de l’histoire et des évolutions sociales.

Il l’est moins, en revanche pour ses prises de position économiques à l’actualité criante. Marx et Engels y posent une analyse économique visionnaire, surtout lorsqu’on la compare à notre quotidien. 166 années après le Manifeste, malgré les évolutions de la société et l’échec désastreux de la plus grande imposture utopique de l’Histoire (le communisme), on ne peut qu’être estomaqué par leurs prédictions. Quoiqu’il faille admettre que leur point de vue était limité… Car notre système économique est en fait allé beaucoup plus loin que ce dont ils faisaient état.

Pour commencer, Marx et Engels visent très juste lorsqu’ils comparent les crises économiques à une guerre destructrice : « La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance ; l’industrie et le commerce semblent anéantis. » L’économie peut avoir le même pouvoir de destruction qu’une guerre : fin de la production, mises au chômage et donc moyens de subsistance limités, lutte des entreprises pour la survie…

Un constat s’additionne à ce champ lexical : les conflits militaires ont également des impacts économiques et sociaux destructeurs, que Marx prenait en compte dans ses écrits. Conclusion, les auteurs du Manifeste furent en fait les premiers à avoir une réflexion sur la notion de « guerre économique », une notion criante d’actualité dont le Portail de l’IE fait état quotidiennement sur ce site et ses comptes twitterfacebook, etc.

Le Manifeste traite également de la mondialisation et fait particulièrement écho à notre société de consommation : « à la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains », ce qui amène à une « interdépendance universelle des nations ». Pas mal !

Ajoutons ceci : « et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit. Les œuvres intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. » Marx parlait alors de littérature… Internet doit le faire se retourner dans sa tombe ! Nous traitons depuis longtemps sur le Portail des problèmes économiques fondamentaux que pose le non-respect de la propriété intellectuelle dans une économie mondialisée.

Sur d’autres passages, néanmoins, on aimerait bien savoir quelle tête ferait Karl Marx s’il voyait notre société… Surtout quand on lit sa dénonciation de l’asservissement de l’Orient au bon marché des produits occidentaux ! « Par le perfectionnement des instruments de production et l’amélioration des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. » Ah, s’il savait…

Athénaïs DELACOUR