Face aux difficultés qui s’accumulent depuis deux ans, le PDG d’Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon, a été débarqué en octobre dernier, remplacé par Jean-Cyril Spinetta. Dans un contexte commercial et financier dégradé, la nouvelle direction s’est fixée plusieurs objectifs pour redresser la barre.
« Au revoir M. Pierre-Henri Gourgeon, rebonjour M. Jean-Cyril Spinetta », c’est en substance la conclusion du conseil d’administration exceptionnel d’Air France-KLM daté du 17 octobre 2011. Moins de deux années après sa nomination comme PDG d’Air France-KLM, Pierre-Henri Gourgeon est écarté faute d’avoir atteint les objectifs de croissance attendus, pire la situation de la partie française s’est considérablement dégradée.
Le 9 novembre 2011, lors du bilan semestriel avril-septembre, Jean-Cyril Spinetta, a fait les commentaires suivants : « Trois priorités s’imposent au nouveau management. La première est la restauration de la compétitivité du groupe, ce qui implique une réduction complémentaire des coûts. La deuxième est la restructuration de notre activité court et moyen courrier. La troisième est la réduction rapide de notre endettement. » En effet, la dette accumulée ne permet plus au groupe de financer ses investissements.
La pierre angulaire de cette nouvelle stratégie est l’offensive lancée contre les compagnies low-cost telles que EasyJet, Ryanair et Vueling via la création de nouveaux hubs régionaux notamment à Marseille. Ce nouveau plan de développement devrait être présenté début 2012.
2010-2011, des années difficiles pour la compagnie
Grevée par une hausse de 42% du prix du kérosène depuis le 1er janvier 2011 , Air France-KLM anticipe un résultat d’exploitation négatif de 15 millions d’euros pour le trimestre octobre-décembre 2011 soit un recul de plus de 30%.
Reléguée derrière Lufthansa en termes de chiffres d’affaires et de Ryanair pour le nombre de passagers transportés, l’image de la compagnie s’est sévèrement détériorée auprès des investisseurs et du grand public. Deux ans et demi après le crash du vol Rio-Paris, la décision d’Air France de ne pas publier l’audit sur la sûreté de ses vols, qu’elle avait elle-même commandé, est un indice sérieux de la nervosité de ses employés et dirigeants.
Demeurant le premier actionnaire de la compagnie aérienne (près de 16% du capital), l’Etat français avait depuis le début de l’année émis des doutes sur les qualités de dirigeant de Pierre-Henri Gourgeon, notamment Thierry Mariani, ministre des Transports. La chute, c’est néanmoins à son propre mentor que l’ancien PDG la doit : «Pierre-Henri Gourgeon a toujours été une créature de Jean-Cyril Spinetta, explique un ancien cadre de l'entreprise. Il a suffi qu'il se brouille avec le patron, qu'il perde son soutien, pour chuter en quelques jours» . Sujet de discorde entre les deux hommes : l’accession au siège de directeur général d’Air France d’Alexandre de Juniac. Malgré le départ de son protecteur, l’ancien chef de cabinet de Christine Lagarde , et proche du chef de l’Etat, a tout de même obtenu le poste convoité en octobre dernier, augurant une relation tendue avec Jean-Cyril Spinetta.