La NSA a secrètement créé un moteur de recherche, basé sur les métadonnées des communications recueillies par l’agence et conservées dans sa base de données. C’est l’information révélée ce lundi par le média The Intercept, s’appuyant sur des documents classifiés leur ayant été fournis par Edward Snowden.
Il était déjà d’intérêt public que la NSA partageait ses informations avec d’autres agences américaines, mais le cadre et la portée de ces échanges restaient jusqu’à présent des secrets bien gardés. Comparable à Google, ICREACH est utilisé pour partager les informations récoltées par la NSA avec les autres agences gouvernementales, notamment le FBI, la CIA, la DEA (Drug Enforcement Administration) et la DIA (Defense Intelligence Agency).
850 milliards de métadonnées de communications privées – échanges téléphoniques, emails, conversations de chats et géolocalisations – sont partagées avec 1 000 analystes de 23 agences américaines, ainsi qu’avec les « 5 eyes shareable » : partenaires anglais (GCHQ), canadiens (CSE), australiens (DSD) et néo-zélandais (GCSB). Ces informations permettraient ainsi de suivre les mouvements d’une cible, de cartographier ses relations, de prédire ses futures actions ainsi que de révéler des éventuelles affiliations politiques ou religieuses.
Selon les documents de la NSA, la création d'ICREACH représente un moment clé dans l’histoire de la surveillance américaine, le moteur de recherche est en effet le pionnier du partage à grande échelle d’informations classifiées entre agences.
Les informations minées par ICREACH concernent en majorité des citoyens étrangers, ainsi que des citoyens américains ayant un passé judiciaire, et peuvent donc être utilisées par les agences à des fins d’intelligence étrangère (un terme qui, comme le rappelle The Intercept, est bien plus large que le contre-terrorisme). Le moteur de recherche ne semble donc pas être lié à la fameuse base de données 215 de la NSA, collectant des informations sur des milliers de citoyens américains ordinaires selon la section 215 du Patriot Act.
Camille MARTIN
Pour aller plus loin, consultez l'article de The Intercept.