Compte-rendu du 71ème séminaire de Recherche en Intelligence Economique

Le lundi 15 décembre 2014 Charles Huot, président du GFII et de l’Alliance Big Data est venu s’exprimer à l’Ecole de Guerre Economique autour du thème : « La compétition dans le Big Data ». A nouvelle discipline, nouveaux enjeux. Le monde de l’intelligence économique, et plus largement notre économie toute entière, doit se préparer à faire face à l’un des plus grands bouleversements connus par notre société de l’information.

Le terme Big Data est aujourd’hui sur toutes les lèvres. Mot « fourre-tout », employé parfois à tort, il est important de le démystifier pour mieux le comprendre. D’abord apparue là où les data centers étaient présents (Inde, Singapour, Corée du Sud, Hong-Kong), l’expression s’est démocratisée et a cristallisé l’intérêt des acteurs économiques aux quatre coins de la planète. Un premier rapport fondateur, écrit par le McKinsey Global Institute en mai 2011 –Big data : the next frontier for innovation, competition, and productivity – a posé les bases de cette matière.

Pourtant le Big Data n’est qu’un nouveau moyen d’exprimer une réalité déjà existante : la gestion des entreprises en les pilotant par les données. En d’autres termes, profiter de la data et de sa structuration pour accroître son activité et gagner des parts de marché. La seule véritable rupture aujourd’hui réside dans la quantité de ces mêmes données. Avec l’avènement des « objets connectés », nous assistons à une véritable explosion de données disponibles sans que celles-ci ne trouvent véritablement d’utilité.

C’est pourquoi dans un contexte de données massives, parler de structuration est important. Le Big Data n’est pas qu’une simple agrégation de données brutes. On y distingue :

  • La data : données publiques (open data), données issues de capteurs, du web et des réseaux sociaux, des métiers (santé, télécom, banque, assurance, transport) qui cumulent, génèrent et stockent un volume de données très important.
  • Des outils de traitement, d’infrastructures servant la modélisation, la visualisation, l’analyse de ces données.
  • Des moyens de restitution, de présentation servant l’usage des données.

 
Parmi les multiples utilisations du Big Data, des entreprises comme Total s’emparent de l’ensemble des données en vue de travaux de maintenance prédictive, notamment sur des unités de forage, permettant de limiter les pannes et générer des économies.

Géopolitique des données

Les flux massifs de données sont principalement dirigés vers l’Amérique du nord. Or, selon Charles Huot, la maîtrise et la collecte de ces données sont l’enjeu majeur de notre civilisation. Seules, elles ne représentent pas de véritable intérêt mais leur agrégation donne des informations non négligeables sur les individus.


Source : Stéphane Grumbach, séminaire Inria, Dax, 10 octobre 2014.

L’Union Européenne doit se positionner pour protéger ces données. L’idée d’un « internet » ou même d’un système d’exploitation (OS) européen semble aujourd’hui parfaitement incongrue. Pourtant, quand l’Inde ou le Brésil évoquent la même idée, cela ne choque personne.

Nous n’avons pas d’applications souveraines, alors que des entreprises comme Google, Amazon, Facebook et Apple ont plus de 400 lobbyistes au sein de l’Union Européenne et mènent une véritable guerre pour leur maîtrise. La France et les pays voisins sont dans l’incapacité de se mobiliser afin de les contrer. Nous sommes loin de considérer les données et le Big Data comme un enjeu stratégique.

Pourtant, les choses changent, des projets se lancent, des associations comme l’Alliance Big Data se montent, et même si le chemin est encore long, des personnes comme Axelle Lemaire affirment : « nous voulons faire de la France le leader mondial du Big Data ».