Au début du XVe siècle, pour mener a bien son rapport, Henry le Navigateur a rassemblé les cartes maritimes et les meilleures pilotes de bateaux de l’époque. C’était une opération d’intelligence économique avant l’heure.
Pierre Fayard et Bruno Raccouchot, deux connaisseurs du Brésil sont venus nous parler du Brésil et de sa culture de la ruse.
Généralités sur le Brésil
Il faut noter la différence entre colonisation espagnole et portugaise. Ces derniers sont disséminés, c’est une économie de prédation et non de conquête. Il y a un métissage dès le début au Brésil, car peu de Portugais sont venus.
Malgré l’image de carte postale, la violence est toujours sous-jacente au Brésil, avec plus 50 000 homicides par armes à feu par an.
Il y a un syndrome de St-Domingue concernant la révolte des esclaves dans l’inconscient des Brésiliens. Pendant longtemps, les dominants ont eu peur de se faire submerger par les esclaves. Les réactions ont donc toujours été très violentes.
On peut noter un très grand paternalisme au Brésil :
- Vargas incarne le père de la Nation.
- Lula l’ouvrier qui a un charisme et qui crée la sympathie.
Dans les différents cas, le chef doit être proche des gens.
Il y a 25 millions d’origines italiennes, 5 millions de Brésiliens d’origine allemande, ainsi que 2 millions d’origines japonaises. En fonction des régions – et donc du regroupement de diverses populations -, le jeitinho s’adapte.
La colonisation allemande a commencé en 1824. Le Business fonctionne sur des réseaux de confiance et d’amitiés. Des ETI dans le sud du Brésil ont gardé des liens étroits avec le les régions d’origines d’origine comme la Bavière et le Piémont.
La ruse ou le jeitinho
Gilberto Freyre a écrit, La Casa grande e senzala, qui est un livre essentiel pour comprendre la stratégie au Brésil.
La ruse dans un cadre chinois utilise des règles naturelles basées sur une cosmovision où l’on va s’associer à des tendances logiques qui existent en elle même.
La ruse brésilienne est une sociovision. Les lois sont faites pour les possédants, se faire justice soi-même. Le jeitinho brasileiro est une manière de faire, car il y a une horreur du conflit au Brésil. Les dominés pensent qu’ils vont perdre et les dominants ne souhaitent pas faire étalage de leur force. Il s’agit d’une pratique sociale destinée à dissoudre les conflits, à créer des alternatives originales.
La conviction est forte du côté brésilien de sortir d’une situation et de trouver une solution. Les gens sont fondamentalement optimistes, même pendant la crise actuelle, celle-ci n’est qu’un court passage.
Il y a un sentiment de corruption historique au Brésil. Le troc est venu de la relation et des fondements marins. Il faut faire attention, on passe vite du jeitinho à la corruption. On dit souvent que « Le Brésil n’est pas un pays pour les débutants ».
Concernant les questions-réponses.
Le secteur public est lourd au Brésil, il y a des gens dont le métier est de trouver des solutions, d’arranger les situations.
Il y a un grand capital sympathie des Brésiliens vis-à-vis des Français ; ils disent qu’ils auraient aimé être colonisés par les Français.
La Diplomatie brésilienne est très bien formée. Ils critiquent les diplomates français d’aujourd’hui, qui sont fascinés par les Nord-Américains. Dans les grandes familles brésiliennes, le personnel de maison a longtemps été français. Le français, la langue, la culture… incarnent le luxe, il y a toujours une grande francophilie au Brésil.
Alexandre MOUSTAFA