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Compte-rendu de la conférence de l’ambassadeur d’Iran en France à la CCI du Val d’Oise

Le mardi 20 octobre 2015, la Chambre de commerce et d’industrie du Val d’Oise invitait Son Excellence (SE) Ali Ahani, ambassadeur d’Iran en France, afin que ce dernier rencontre les entreprises du département et présente le marché iranien.

SE Ali Ahani a commencé par rappeler que les deux pays approchaient du 300e anniversaire de la visite de l’ambassadeur d’Iran à Louis XIV. Conscient de l’image négative que connaît son pays actuellement, notamment pour des questions religieuses ou sécuritaires, l’ambassadeur a dressé un bilan politique et économique s’inscrivant à contrecourant des clichés habituels.

La situation politique de l’Iran

L’ambassadeur a d’abord précisé que l’Iran, bien qu’étant une démocratie religieuse, n’en reste pas moins une démocratie même si cela demeure un concept difficilement compréhensible pour les Européens. Conscient des éventuelles fragilités sur certains aspects, il en a profité pour rappeler l’âge (37 ans) de cette jeune démocratie. Concernant les droits de l’homme, SE regrette l’idéologisation des droits de l’homme et le fait que d’autres pays de la région ne soient pas plus souvent pointés du doigt sur ces questions. Il a également évoqué la position ferme du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius avant l’accord tout en précisant que, depuis sa visite à Téhéran, sa position avait considérablement évolué. De fait, un ambassadeur a été chargé de rénover les relations avec Téhéran. Il s’agit de la plus importante visite française pour le moment et laisse entrevoir un réchauffement des relations diplomatiques. Le Président de la République Hassan Rohani devrait d’ailleurs bientôt se déplacer en France, à la suite de l’invitation de monsieur François Hollande.

L’ambassadeur Ahani a précisé que l’Iran est une civilisation riche, millénaire, et que de fait les entreprises ou les touristes peuvent se rendre dans ce pays sans soucis d’instabilité. Il a notamment précisé que l’Iran est le pays le plus solide et le plus stable de la région, malgré les pressions de la part des plus grandes puissances mondiales pour renverser ou déstabiliser le « régime » actuel. Les États-Unis ont ainsi distribué pendant plusieurs années 50 millions de dollars aux différents groupes d’opposition afin que ce « régime » ne reste pas debout.

Un blocage bancaire imposé par les États-Unis

Conscient des difficultés que rencontrent les entreprises françaises pour investir en Iran à cause d’un blocage bancaire SE a précisé que c’est un problème imposé par les Etats-Unis. A l’inverse, cette interdiction a été levée pour les entreprises américaines, et seulement pour elles, permettant à ces dernières d’aller de l’avant pour conquérir des marchés en Iran. L’ambassadeur est en contact avec l’Élysée, le Quai d’Orsay et Bercy pour aider à la résolution de ce problème. De la même manière, le gouvernement français est en contact avec le Trésor américain, afin que ce blocage bancaire se lève au plus vite.

Actuellement il est possible de commercer avec l’Iran, mais cela nécessite de passer par des intermédiaires, comme des banques de Dubaï. Tous les acteurs français et iraniens font leur possible afin que les entreprises françaises puissent s’installer le plus facilement et le plus rapidement en Iran.

Un tissu économique porteur

Industries (cosmétique, pharmaceutique, automobile), énergie, tourisme… Nombreux sont les secteurs évoqués par l’ambassadeur pour lesquels l’Iran manque d’investissements ou souhaite tout simplement trouver des partenaires pour mener à bien des projets. Avec un marché de 80 millions de consommateurs et une population éduquée et diplômée, l’Iran n’est cependant pas un simple marché de débouchés commerciaux (la France est en effet le premier fournisseur de médicaments du pays). Le pays peut être considéré comme un véritable partenaire, avec une main d’œuvre qualifiée et peu onéreuse, en témoigne le cas de l’automobile et l’implantation de PSA (malgré son retrait suite aux pressions exercées par GM). L’ambassadeur a invité les entreprises, et notamment les PME, à se rendre sur place pour créer des liens. L’ambassade se tenant prête à aider les entreprises souhaitant aller dans ce sens. C’est également l’objectif de Business France en Iran qui fournit une aide aux entreprises qui souhaitent s’implanter. Les nombreux témoignages positifs  d’entrepreneurs français ayant voyagé ou investit en Iran, évoqués lors des questions-réponses, témoigne de l’attractivité et du potentiel de ce pays.

L’ambassadeur a fini sa conférence en précisant que la France mérite d’être le premier partenaire de l’Iran, et qu’il y a quelques années encore, les échanges entre les deux pays s’élevaient à près de 5 milliards d’euros. Pour SE, la France doit continuer de jouer un rôle important dans cette région agitée tout en réfléchissant conjointement avec l’Iran afin de trouver des solutions politiques importantes.

Alexandre Moustafa