Astroturfing, la menace de la grande usurpation

Le Portail revient sur certaines conférences qui se sont tenues lors de l’édition 2016 d’Influence Day. Aujourd’hui, il s’agit d’une étude de cas sur les armes du faux et l’astroturfing, animée par François-Bernard Huyghe (IRIS), Maxime Heurtebise et Julia Caro (MBA ESG).

« En explorant les mécanismes de ce qui nous abuse et que nous refusons parfois de croire, des systèmes de pouvoir apparaissent et de nouvelles formes d’idéologies se manifestent. Quand la vérité des faits devient l’objet central de nos luttes, la désinformation n’est plus qu’une question morale : elle est un enjeu stratégique »

L’astroturfing[1] est une technique de manipulation d’opinion créant l’impression que des mouvements citoyens spontanés et légitimes en faveur ou à l’encontre de réglementations d’un individu ou d’un produit s’émisse dans la société.

L’astroturfing n’est pas une nouveauté, seulement il s’est sophistiqué à l’aide des nouvelles technologies dupliquant ainsi la portée du phénomène. Ce nouveau paradigme laisse une place majeure au virtuel permettant à toute personne de devenir un influenceur de masses.

La combinaison de l’astroturfing et des nouvelles technologies numériques, modélisées par des algorithmes et des codages informatiques, permettent la création de faux citoyens militants ayant pour seule mission la formation d’un courant d’opinion. De surcroît, à travers les réseaux sociaux ils manipulent l’intention et la confiance des individus de part la désinformation.

Tous ces actes génèrent marginalement un rapport au pouvoir. En ce sens la stratégie de lutte par l’information est dépendante de trois pôles que sont l’agenda politique, l’agenda médiatique et l’agenda public. Concrètement des logiciels se mettent en place pour créer des faux profils humains, dit socialbot. Une fois greffé dans l’un de ces trois pôles et de par leur dynamique d’intégration, ils influent nécessairement en tant qu’acteurs à part entière ayant pour cibles le gouvernement, l’opinion publique et les consommateurs. Ainsi, en juillet 2016 des chercheurs spécialisés mettent en exergue une vaste opération mandatée par le gouvernement chinois. Ce dernier aurait orchestrée la fabrication et la publication d’en moyenne 488 millions de faux messages/ ans  sur les réseaux sociaux. Les personnes en charge de cette mission ont pour objectifs de distraire l’opinion publique pour l’éloigner des sujets délicats et fâcheux du pays tout en glorifiant le parti par le biais de messages pro-gouvernementaux.

Un operateur peut infiltrer jusqu’à dix profils en même temps de manière rapide et efficace, si ces derniers se voient attribuer de bons paramètres initiaux. En revanche la limite de ce système est l’intervention même de l’homme, de part sa marge d’erreur possible

Toutefois un scénario valide et d’actualité permet de dépasser cette limite, en délégant cette tache aux robots. L’étude de MIT technologie Review dévoile que dans l’influence des robots infiltrés, 69 % ont évités leur détection. Cette manipulation à grande échelle de la dimension espace-temps, permet de décloisonner les clusters d’opinion ou d’en créer de toutes pièces.

Pour se défendre face à cette déstabilisation informationnelle, il faut avant tout une prise de conscience collective.

Deux types de solutions existent pout combattre le phénomène :

  • La technologie :  les réseaux sociaux sont eux même en lutte contre ce phénomène.
  • Les Hommes : les universitaires,  les chercheurs et les journalistes sont des acteurs clefs. Il existe également des organismes qui se battent contre la désinformation et les opérations telles que l’astroturfing. Ainsi, peut être cité The Center for Media and Democracy.

Au final à l’aide des outils que sont les cellules de veilles spécialisées et des organismes de surveillance, l’objectif est de remonter à la source primaire.


[1] « Astroturfing est un terme inspiré de la société américaine Astroturf. Spécialisée dans les pelouses/ turfs artificielle, ce terme oppose la pelouse synthétique aux grassroots lobbying »

Roberto Fecarotta & Charlotte Renoux