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Start-up, le nouveau pôle R&D des géants

À l’heure de la démocratisation du format entrepreneurial des start-ups, les enjeux changent et les règles évoluent. La nécessité de production de la France combinée avec la croissance constante des grands groupes poussent à un perpétuel renouvellement du concept de start-up. Au-delà, ce schéma organisationnel représente la flexibilité dans un système qui en manque cruellement.

La justification d’une offre en pleine explosion

Les 26 licornes de cette fin d’année 2021, rappellent que les enjeux économiques du monde des start-ups sont particulièrement importants. Une ruée qui prend différentes formes et tournures en fonction des motivations initiales des entrepreneurs. Tourné majoritairement vers l’accomplissement d'innovation, le contexte sociétal induit certaines tendances comme une réelle envie de contribution envers la société. Pour cela, les start-ups proposent des solutions sur tous les secteurs d’activité et notamment sur des nouvelles tendances comme l’industrialisation et la souveraineté de la France. Du E-service à l’industrie en passant par le développement durable et les applications IT, les start-ups constituent un catalogue très étendu qui, depuis quelques années, intéresse les géants pour dynamiser leur croissance.
 

Des grands groupes en demande de flexibilité

À l'image du groupe Onepoint, la fusion-acquisition dans une optique d’étendre sa présence déjà existante dans un marché est chose récurrente, mais nous ne pouvons pas considérer les mêmes enjeux pour le rachat de start-ups. Ces dernières ne constituent en aucun cas une part de marché mais plutôt une innovation : l'acquisition d’une start-up traduit une volonté de changement au sein d’une structure. Cela se matérialise dans la possibilité d’attaquer de nouveaux marchés, comme le montrent les exemples de Tessi à travers le rachat de Sweepin (dans le secteur du numérique) et de Boiron dans l'acquisition d’ABBI (dans le secteur pharmaceutique).

Dans une autre optique, l'innovation apportée par les start-ups est perçue comme une opportunité pour les grands groupes de moderniser leur processus et assurer indirectement leur pérennité. C’est le choix récent de plusieurs acteurs comme TF1 lors de l’acquisition de Gamned mais aussi Doctolib avec  le rachat de Tanker. Gamned et Tanker sont des start-ups expertes dans leurs domaines respectifs, le marketing et la cybersécurité. Racheter ces sociétés permet alors de récupérer une masse salariale opérationnelle et de minimiser le risque à l’embauche dans un contexte législatif qui n’apporte aucune flexibilité sur la question.

 

Entre flexibilité et contraintes sociales

À l’image du budget de 2,3 milliards alloué aux start-ups françaises dans l’objectif d'accroître la capacité industrielle de la France, le gouvernement soutient ces acteurs innovants, notamment au travers d’un plan de relance. Ceux-ci dynamisent l’économie, ce qui permet de pallier des problèmes structurants tels que la flexibilité de l’emploi qui impacte directement la prise de risque dans le lancement de nouveaux projets pour les grandes organisations. Pour la France et l’Europe, les start-ups permettent d’exploiter de nouvelles pistes dans des secteurs en berne comme le secteur de l’agriculture. Face à une crise du secteur de l’agriculture, la France joue la carte de l'adaptation et déploie une vision en totale rupture avec la politique de subvention de ces dernières années. Peut-être est-ce alors une porte ouverte vers la fin d’un système de taxation à outrance. À l’instar du secteur automobile dont les taxes ne cessent d'augmenter, jusqu'à ce que les constructeurs s'alignent avec la projection du gouvernement pour la France de demain. C’est la porte ouverte vers un gouvernement qui investi dans les sociétés françaises, dans l’optique de soutenir les entreprises en accord avec la politique du gouvernement. Un moyen de soutenir l’économie par l'investissement dans l’innovation, ce qui pour le secteur agricole serait un moyen d’évoluer face aux problématiques sociale, écologique et économique. En extrapolant le concept, le fait que le gouvernement ait un pied dans l’equity serait alors un bon moyen de conserver ses technologies de rachats étrangers.

Avec des crises multiples concernant l’emploi, le sanitaire, les ressources, la question de l’adaptabilité ne reste plus à démontrer : elle est même devenue une question essentielle. Le fait est que les start-ups ne sont plus forcément initiatrices de nouveaux produits et services mais soutenues par les institutions afin de pallier les problématiques structurantes du privé. La question aujourd’hui est d’avoir conscience de cet angle de l’échiquier afin de faire preuve de polyvalence sur des problématiques d'intelligence économique (appels d'offres, veille, gestion de projet, positionnement concurrentiel). C’est dans ces dynamiques budgétaires et structurantes que la fièvre de l’acquisition n’est pas près de s’arrêter.

 

Adrien Daugan pour le Club Start-up & Innovation de l’AEGE

 

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