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“Ce qui s’écrit n’est pas ce qui se dit”, entretien avec Pierre Brouder, CEO de Bobler

Le Web 2.0 est structuré par les médias sociaux. Facebook, Twitter ou encore Linkedin font aujourd’hui partie intégrante de l’utilisation d’internet par les usagés. Prenant en compte ce phénomène nouveau de sociabilité et d’interactivité, Pierre Brouder et Marc Antoine-Durand décident de fonder Bobler. Son originalité ? Être un média social vocal.

Ancien élève de l’Ecole de Communication de SciencesPo Paris et président de SciencesPo TV, Pierre Brouder est le fondateur et dirigeant de Bobler. Après être passé par RFM, France Culture ou encore aufeminin.com, il décide en 2011 de créer un nouveau média social en association avec Marc-Antoine Durand. Ce média deviendra Bobler deux ans plus tard. Il a accepté de répondre aux questions du Portail sur l’intérêt et l’utilisation de Bobler avant le lancement de ce dernier. 

Présentez-nous Bobler. Qu’est ce que ce nouveau média social ? Quels sont ses atouts face à ceux déjà existant ?

Bobler est un Média Social Vocal. Il permet d’enregistrer des messages audio de 2 minutes maximum, les « Bulles », et de les géolocaliser sur une carte, à n’importe quel endroit du monde. Sur l’application ou sur le site, chaque utilisateur peut découvrir et s’abonner à d’autres utilisateurs avec le même système de following que Twitter. Le tout bien évidemment gratuitement.

Bobler capitalise donc sur l’audio et la géolocalisation. Chez Bobler, nous croyons prondondément que ces deux éléments vont bouleverser Internet, notre façon de naviguer de contenus en contenus, notre façon de les consommer. 

Premièrement, l’audio. Il est, et de loin, le média le moins exploité d’Internet, alors que c’est la façon la plus naturelle de communiquer pour chacun d’entre nous. De plus, en terme d’engagement, de fidélité, nous n’avons pas encore inventé mieux. La radio est, depuis son invention, le média préféré de tous les habitants dans tous les pays, place que la télévision ou Internet n’ont jamais réussi à lui ravir. Cet attachement se constate dans nos usages au quotidien. Le son, et particulièrement la voix, est le véhicule le plus efficace de l’empathie, de l’émotion. Dans un monde où nous sommes de plus en plus en situation de mobilité ou de multitasking, un média qui bénéficie de toutes ces vertus ne peut qu’exploser. Et c’est sans parler, pour les institutionnels, de sa compétitivité façe à la vidéo, beaucoup plus chère et avec des retours sur investissements difficilement quantifiables.

Deuxièmement, la géolocalisation. Nous la croyons fondamentalement pertinente pour découvrir un contenu comme pour rechercher des données. En terme de découverte de contenus, lnternet a connu deux grands moments : les moteurs de recherche et les réseaux sociaux. Quand sont nés les moteurs de recherches, nous avons pu trouver des informations sur ce que l’on connaissait. Avec les réseaux sociaux, on a soudain découvert des choses parce que nos amis les connaissaient. Avec la géolocalisation, on va pouvoir découvrir de nouveaux contenus sans en avoir une connaissance a priori, sans que nos amis les connaissent : juste parce qu’ils sont pertinents à un endroit donné, là où je me trouve, là où je vais, là où je regarde… C’est un décloisonnement total de la découverte qui va permettre de mettre en oeuvre de toutes nouvelles stratégies de conquête. Pour ce qui est de la recherche d’un contenu en particulier, la géolocalisation apporte un élément nouveau, simple mais fondamental : on parle différement d’un même sujet en fonction de là où l’on vit. On ne parle pas de l’Europe de la même façon à Londres, à Bruxelles, à Varsovie ou à Washington.

D’où est venue votre idée de créer Bobler ? Avez-vous constaté un manque existant dans le web 2.0, comme Twitter à son époque, ou est-ce une innovation incrémentale qui suit l’évolution normale du web social ?

Bobler vient répondre à un manque de proximité, d’humanité, dans la communication sur Internet, tout en étant une évolution naturelle du web social. Il fallait attendre des réseaux suffisamment solides et un déploiement large des smartphones auprès du grand public.

Quel est le positionnement de Bobler dans le web 2.0 ? Est-il un complément de Twitter, une alternative ou un rival ? Des partenariats avec d’autres médias sociaux seront-ils prévus ?

Nous ne nous posons absolument pas comme concurrent de Twitter, même si la proximité est évidente. Facebook ou Linkedin proposent une navigation par État Civil, absolument pertinente pour leur proposition de valeur, mais intrinséquement limité à un type d’usage défini. Twitter, au contraire, se moque de votre nom et votre prénom puisqu’il propose une navigation par intérêt, permettant de trouver instantanément partout dans le monde ceux qui échangent sur un sujet, un événement, qui vous intéresse. Là est notre similarité.

Mais nous différons énormément en termes d’usages. En règle générale, nous écoutons bien moins de messages que nous en lisons. Vous pouvez suivre des milliers de personnes sur Twitter alors que sur Bobler, vous vous limiterez probablement d’avantage à quelques dizaines, sélectionnées avec parcimonie, mais que vous aurez plaisir à écouter chaque jour, dès qu’ils produiront une nouvelle Bulle.

Néanmoins, pour satisfaire aux besoins des producteurs de contenus – bloggeurs, journalistes, … – nous avons développé une intégration poussée, automatisable, avec Twitter et Facebook. On pourra donc, depuis Twitter, écouter la Bulle de tel ou tel utilisateur sans quitter le site, tout en continuant à naviguer parmi les tweets et les hastags. C’est l’avantage de l’audio : c’est le seul média qui vous permet de faire plusieurs choses à la fois ! 

A qui Bobler s’adresse-t’il en priorité ? Au grand public, aux journalistes, aux professionnels des médias ?

Nous avons créé Bobler pour en faire un outil de communication pensé pour les utilisateurs de smartphones en situation de déplacement et de multi-tasking qui pourront parler et entendre parler les utilistateurs de leur choix, qu’ils les connaissent personnellement ou non.

Bobler s’adresse donc au très grand public. Nous avons d’ores et déjà des personnalités dans chaque domaine – musique, littérature, cuisine, architecture, actualités, people, … -, connues du grand public, que tous les utilisateurs peuvent retrouver sur Bobler.

Grâce à la présence sur le site de grands médias nationaux, de nombreux journalistes y parlent également chaque jour de sujets d’actualités, ou relaient les informations qu’ils y trouvent. Bon nombres de politiques s’apprêtent également à rejoindre Bobler, la géolocalisation et la voix leur paraissant une alliance particulièrement pertinente pour les besoins de communication de leur métier, notamment lorsqu’ils sont élus locaux ou en campagne. 

Le lectorat du Portail de l’IE est constitué en majorité de professionnels de l’intelligence économique, de la veille stratégique et de l’e-reputation. Ainsi, Bobler aura-t’il un intérêt pour ces cabinets d’IE ou d’e-reputation ? Autrement dit, le permettra-t’il de renouveler leurs modèles de collecte, de maîtrise ou de diffusion de l’information ?

Ce qui s’écrit n’est pas ce qui se dit, aussi les informations diffusées et collectées sur Bobler, sur n’importe quel sujet, seront par nature différentes des autres. Aussi Bobler est indubitablement pour vos lecteurs un outil à connaître pour savoir ce qui se dit sur tel sujet ou telle personnne.

Mais plus loin, Bobler permet aussi d’engager la discussion, grâce à la fonction Discuss, qui crée un fil de discussion autour d’une même Bulle, ou grâce au hashtag sponsorisé, qui permettra de poser une question spécifique aux personnes vivant ou traversant une zone pré-séléctionnée, du hameau à un continent tout entier ! 

Quelle est la date du lancement officielle de Bobler ? Ce lancement sera-t’il national ou mondial ?

Le site et de l’application iPhone seront disponibles dans le monde entier dès février, en version française uniquement pour l’instant.

Pour s’inscrire : www.bobler.com

Interview réalisée par Pierre-William Fregonese