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La sylviculture (I) : l’économie d’une ressource française négligée

Le bois redevient une ressource prisée. Après la vision assez négative du bois comme une spoliation de la nature pour lui préférer d’autres matériaux comme le plastique ou les métaux, s’effectue un retour au bois comme ressource saine, renouvelable et durable. La France qui dispose d’un domaine forestier considérable, a un rôle à jouer dans ce secteur.

Le retour en force du bois

Le bois est de retour. Ce retour est notamment dû à de multiples progrès technologiques dans sa transformation grâce à plusieurs systèmes d’optimisation : sciage plus précis, réutilisation des copeaux, le rendant plus rentable, et dans certains cas créant d’autres débouchés. Ses propriétés mécaniques sont appréciées – surtout dans le secteur du bâtiment – et énergétiques – concernant principalement le chauffage domestique -. Ces qualités sont dopées par un effet de mode liées à la protection de l’environnement.

Actuellement, 6 millions de foyers utilisent le bois comme moyen de chauffage, compte tenu de la flambée du prix des énergies fossiles et de l’électricité. Avec le développement technologique important des méthodes de chauffages moderne, le chauffage au bois pourrait refaire son apparition. Le bois représente 37% des énergies renouvelables produites en France, il est le leader du secteur. De même, les techniques de transformations du bois comme le triturage, le déroulage ou le sciage avec un maximum de précision et le minimum de perte,  optimisent les rendements et suscitent de nouveaux débouchés.

La filière forestière en France

Le bois est une ressource d’avenir, c'est une ressource abondante sur le territoire national, qui n’exige pas beaucoup de besoins, et s’adapte à de nombreuses configurations entre sols, climats et autre paramètres biologiques. Cette ressource s’inscrit dans un processus de moyen ou long terme de 30 à 150 ans selon l’essence.  La France, par ses sols et son climat est un pays plutôt intéressant pour l’exploitation forestière, et ce pour de multiples essences : du résineux en altitude, du feuillu en plaine,…. Chaque espace peut être ainsi valorisé, comme les zones périurbaines, les bordures de zones agricoles, les bordures d’axes de communications, et bien entendu les multiples terrains ruraux, pouvant devenir rentable avec un aménagement sur le moyen ou le  long terme.

A cet effet, il existe des essences très intéressantes, comme le « robinier faux-accacia», peu exigeant en termes d’implantation, avec une croissance rapide, produisant un bois aux propriétés avantageuses, pouvant remplacer des espèces tropicales –afin de limiter certaines importations de bois tropicaux -, et repoussant seul, par rejet de la souche, après exploitation. Donc une essence très intéressante tant sur le plan économique qu’environnemental. Il y a aussi le « sapin de Douglas » aux propriétés mécaniques intéressantes, le châtaignier, ou les essences précieuses comme le merisier… Chaque territoire peut devenir économiquement productif si l’essence lui est adaptée.  L’idéal, selon les stations, étant aussi de favoriser les essences naturelles et autochtones par une exploitation intelligente, car souvent  ces dernières sont loin d’être dénuées d’intérêt, comme le chêne par exemple.

Les freins à l’optimisation de la forêt française

Le problème majeur de la forêt française réside dans le mitage des parcelles résultant du principe républicain de la « propriété privée », car en effet, près de 75% de la forêt française est privée. Le mitage empêchant souvent les travaux par enclavement ou créant des aberrations avec des parcelles ridiculement petites. Mais il y a pire : le désintérêt total de certains petits propriétaires, qui sont en réalité la majorité des propriétaires forestiers, une majeure partie de nos surfaces boisées est ainsi en désuétude. Les forêts domaniales, gérées pas l’ONF, restent des bastions de notre ressource forestière.
Autre problématique, la fiscalité. La taxe foncière et les autres taxes, malgré quelques formes juridiques comme les groupements forestiers, font que les propriétaires forestiers sont encore trop imposés pour envisager des actes de gestion de leurs biens. De même, le coût du travail n’est pas en adéquation avec les coûts des travaux forestiers, ce qui engendre des fraudes, la fiscalité et la réglementation étant trop contraignantes pour un secteur si difficile.

L’avenir de la forêt française

Il apparaît clairement que la France devrait favoriser ses ressources forestières, une des rares ressources naturelles présente sur le territoire métropolitain. Pour cela, plusieurs contraintes, dont certaines relevant de l’intelligence économique territoriale pourraient être améliorées :

–    Le cadre fiscal : alléger la pression fiscale sur la propriété foncière et aussi sur le travail, seuls moyens pour dynamiser le secteur. Ainsi, les propriétaires seront plus enclins à investir et à employer des professionnels pour les travaux forestiers afin de valoriser les ressources forestières.

–    Impliquer les collectivités locales dans la définition d’une politique forestière locale en adéquation avec un secteur industriel précis de la filière bois, idéalement regroupés autour de pôles de compétitivité. Et aussi, s’engager dans la valorisation des espaces délaissés – dont la gestion s’annonce plus facile depuis les progrès technologique en termes d’imagerie satellite – dans le cadre de l’aménagement du territoire, transformant des espaces délaissés couteux et espaces à valeur ajoutée.

–    Harmoniser les surfaces des propriétaires privés par une politique de remembrement, comme ce fut le cas pour le secteur agricole dans les années 1980, afin de supprimer le mitage excessif des parcelles empêchant toute gestion. Par exemple, supprimer les parcelles forestières de moins d’un hectare.

Ces mesures entrent dans une logique de relocalisation des économies, fondées sur le travail productif, doublée d’une vision environnementaliste. On pourrait presque entrevoir un peu comme un retour de la vision colbertiste de l’économie française.

Harold BLANOT

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