Alors que le gouvernement souhaite taxer le diesel au même titre que l’essence, une polémique sur la nocivité du diésel réapparait. Le diesel est un secteur important de l’industrie automobile française. Alors qu’en est-il ? Le diesel est-il un danger pour la santé ? Quels sont les enjeux industriels liés au diesel en France ? Le Portail apporte quelques réponses.
Les origines de la polémique
Depuis le printemps 2012, la polémique sur le Diesel est réapparue en France. Un article récent du « Parisien » a fait ressurgir les méfaits du diesel sur la santé, avec le soutien d’experts de l’association automobile Europe Qualité Expertise. Ceux-ci évoquent les analyses du Pr Roussel, concernant le diesel des années 1980, et annoncent que les émissions de particules issues des moteurs diesels sont cancérogènes et allergènes. L’OMS a confirmé cette information, et la polémique, relayée par la presse, s’est rapidement développée : le diesel causerait 42 000 morts par an en France. Le parc automobile français est actuellement composé de 58,9 % de véhicules diesel, ce qui fait des Français les premiers utilisateurs de véhicules diesel en Europe.
L’origine de cet engouement français pour le diesel remonte aux années 1980, sous l’initiative de Jacques Calvet. Avec la crise des années 1980, les premiers signes de faiblesses de l’industrie automobile française en termes de compétitivité et de technologie furent une opportunité pour le diesel. Un des seuls avantages concurrentiels de l’industrie automobile française était la maîtrise de la technologie du moteur diesel, avec Peugeot notamment. Ainsi, pour relancer l’industrie automobile française et soulager les automobilistes français de la flambée du prix de l’essence, Jacques Calvet a poussé le gouvernement de l’époque à garantir l’avantage fiscal sur le carburant diesel et en même temps, a convaincu les constructeurs français d'élargir leurs gammes de véhicules équipés de moteur diesel. Ce choix permit la sauvegarde de l’industrie automobile française, tout en plaçant cette dernière dans une niche du marché, résistant ainsi à la concurrence étrangère, pourtant plus compétitive sur de nombreux points techniques, mais pas sur l’essentiel : le carburant. Pourtant, le diesel est plus cher à raffiner que l’essence, et ne doit son prix plus avantageux que par une favorisation fiscale, donc des motifs purement politiques et non économiques. Pire, la France exporte l’essence qu’elle raffine car en excédent pour son marché intérieur, et importe du diesel pour la raison inverse.
Naissance d’une crise sanitaire ?
Dernièrement, des associations, des médecins, ont commencé à viser le diesel comme cause de l’explosion de maladies pulmonaires, d'allergies et de cancers, avec des corrélations troublantes. Les actions contre le diesel ont commencé dès 2012 avec quelques articles de presse appuyés par quelques professionnels de la santé et quelques actions militantes sporadiques. On peut ainsi apercevoir dans certaines villes de France des « tags propres », avec des messages tels que « le diesel tue ». Soit tous les ingrédients d’une guerre de l’information.
Aujourd’hui, le gouvernement souhaite taxer le diesel au même titre que l’essence. Cette mesure ne fait pas l’unanimité au sein de la majorité, et révèle un clivage intéressant : la ministre de l’écologie appuyant la taxation du diesel pour des raisons sanitaires, et les réticences du ministre du redressement productif voulant préserver l’industrie automobile française « dieselo-centrée ». Alors, le diesel, pourrait-il ainsi effectivement devenir le successeur de l’amiante en termes de scandale de santé publique ? Ou peut-on entrevoir une tentative d’opération de guerre de l’information par des concurrents visant à déstabiliser ou influencer le secteur de l’industrie automobile français ? Possible, mais si les automobilistes français achètent des voitures étrangères, ils gardent leur préférence pour les motorisations diesel. Si cette guerre de l’information aboutit à des restrictions ou une quelconque pénalisation du diesel, c’est la fin des marques automobiles françaises.
A qui profiterait le crime ? Car même si la dangerosité sanitaire des émanations de particules issues des moteurs diesel est établie, représentant un risque important sur les citoyens, certains acteurs trouveront une opportunité à exploiter. Doit-on penser à un ou plusieurs constructeurs moins orienté sur les moteurs diesel ? A des professionnels du secteur automobile voulant renouveler le parc automobile et donc relancer les ventes des véhicules essences, dont la cote actuelle est en chute libre surtout sur le marché de l’occasion ? A l’Etat, préférant des automobilistes roulant avec de l’essence, plus taxée que le diesel afin de récolter plus de taxes ? La polémique autour de la taxation du diesel, serait-elle une mesure stratégique d’évitement de la part du gouvernement sur un scandale sanitaire ? Ou simplement une simple taxe supplémentaire pour combler des caisses désespérément vide ? Difficile de le déterminer actuellement, mais il est très probable que nous observons un début de guerre de l’information sur la question du diesel en France.
Harold Blanot