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Le retour de l’énergie photovoltaïque

La menace du Peak Oil persiste. Si les ressources fossiles diminuaient, nos besoins resteraient tout aussi importants. D’où la nécessité d’anticiper dès maintenant cette situation difficile et la transition énergétique. Les panneaux photovoltaïques pourraient contribuer à cette transition, ils ont un intérêt stratégique pour la France.

L’énergie photovoltaïque

Après une période faste, le secteur photovoltaïque en France s’est effondré en 2010 suite au remaniement des diverses subventions d’Etat : baisses des crédits d’impôts et des tarifs de rachats de l’électricité. Car le concept de l’énergie photovoltaïque en France était d’exploiter les toitures de particuliers afin d’installer des panneaux photovoltaïques, et de revendre ensuite l’électricité produite à EDF, à un tarif plutôt avantageux. L’électricité produite n’étant pas stockée ni utilisée, tant par contrainte technique –nécessite des batteries donc un investissement plus important– que par bon sens financier – EDF ayant des tarifs de rachats très attractifs.

Mais, avec la flambée des cours de l’énergie,  de nouveaux calculs ont été revu : A l'été 2012, le coût en centimes d'euros de capital par kWh produit, calculé d'après la durée de vie des équipements, est actuellement le suivant :
–    le photovoltaïque est à 16 centimes
–    l'éolien en mer à 5 centimes
–    l'éolien terrestre à 2,8 centimes
–    le nucléaire EPR à 0,8 centimes
–    le charbon à 0,5 centimes
–    le gaz à 0,2. centimes

Alors certes, le photovoltaïque est encore nettement plus cher que les autres énergies, mais le prix d'aucune énergie n’a baissé aussi vite en si peu de temps. On est passé de 600 euros le MWh en 2008 à 200 euros le MWh en 2012, avec la perspective de 85 euros le MWh d'ici 2014, puis 50 euros le MWh en 2025 sans rupture technologique majeure. Il est possible de s’autoriser à espérer une amélioration croissante de la technologie, et par sa démocratisation, une baisse des coûts de production.
Surtout, pour disposer d’une énergie propre, et dont la ressource est assurée, car le soleil brille pour tout le monde et n’a pas encore prévu de cesser son activité…

Les multiples avantages du photovoltaïque

Outre les avantages cités précédemment, l’énergie photovoltaïque à d’autres atouts. Premièrement, le meilleur endroit pour placer les panneaux reste les toits, idéalement les vastes toitures de hangars agricole. Ainsi, le panneaux remplit deux missions : producteur d’énergie et couverture du bâtiment. Et par son aspect noir aux reflets bleutés, il n’est pas plus laid dans le paysage –contrairement à une éolienne – qu’une tôle qui va rouiller rapidement. D’ailleurs, à ce titre, les panneaux étant majoritairement composés de silicium, de verre, de cuivre, de polymère et de plastique,  donc inaltérable dans le temps, et se recyclent par la même filière que celle des ordinateurs ou des téléviseurs.
La durée de vie d’un panneau garantie par tous les fabricants européens actuels est au minimum de 20 ans, avec à ce terme une productivité garantie de 80%. Ce qui est crédible, car on observe une rentabilité similaire sur des panneaux précurseurs installé dans les années 1990. Donc, il est permis d’espérer que ces panneaux puissent durer plus longtemps, car même avec une productivité à 50% de celle prévue à l'origine après près d’un demi siècle de service, l’amortissement devrait être fait depuis longtemps…
Autre avantage du photovoltaïque :  pouvant se placer sur n’importe quel toit, on pourrait parsemer le territoire national d’une multitude de « mini-centrale » photovoltaïque. Ceci aurait plusieurs avantages, comme rapprocher les lieux de production électrique des lieux de consommations, surtout quand on sait qu’il y a 9% de perdition d’énergie dans les réseaux conducteurs d’électricité du fait de la centralisation des centres de productions et des kilomètres de lignes électriques pour acheminer l’électricité aux consommateurs.
Néanmoins, le soleil ne brillant pas la nuit, cela induit la présence d’une autre source d’énergie en renfort, ou alors un système de stockage par batterie. Ce dernier ne pourrait être retenu car trop couteux et techniquement difficile actuellement.
Durant les périodes estivales particulièrement ensoleillées, disposer d’un parc photovoltaïque important permettrait de ralentir l’activité des centrales nucléaires souffrant du manque d’eau et de la forte demande en électricité, pendant que la productivité des panneaux solaires sera à son apogée de par le fort ensoleillement. Ce qui n’est pas négligeable étant donné le vieillissement du parc nucléaire et les dangers potentiels inhérents à cette énergie, sans compter ces surcoûts sécuritaires.

Le potentiel photovoltaïque Français

Hormis certaines régions du nord de la France, par manque d’ensoleillement, les deux tiers de la France sont intéressants pour l’énergie photovoltaïque. Particulièrement les régions du sud, évidemment, bien que par leur technologie, les panneaux ont de moins en moins besoin d’ensoleillement pour fonctionner, et que paradoxalement, un excès d’ensoleillement entrainant de forte chaleur peut même diminuer la productivité.
Il n’est pas envisageable de produire l’intégralité de l’énergie électrique par le photovoltaïque, mais en revanche cela pourrait devenir une bonne ressource d’appoint à d’autres sources telles que le nucléaire. Idéalement, il serait bien que le parc photovoltaïque français puisse à moyen terme couvrir 5 % de la production électrique – il est actuellement de 0,1% -.
Le photovoltaïque peut ainsi s’inscrire dans une politique globale cohérente de transition énergétique, dans un objectif d’indépendance énergétique et de respect de l’environnement. On pourrait lier le photovoltaïque avec les véhicules électriques et les transports en général, ou au développement des technologies numériques dans notre vie quotidienne.
Son retour est donc attendu et pour plusieurs raisons :
–    conscience environnementale
–    problématique des coûts de l’énergie
–    indépendance énergétique et stratégie énergétique
–    baisse des prix des fournitures (panneaux, onduleurs, etc.) par économie d’échelle et optimisation des coûts de production.
–    majorité gouvernementale à priori favorable

Pour cela, le secteur attend un nouveau coup de pouce de l’Etat, avec par exemple  une revue du crédit d’impôt et des tarifs de rachat de l’électricité. Ou encore, une mesure intéressante à appliquer en parallèle serait d’imiter le système belge – et d’autres pays européens -, à savoir permettre et favoriser l’autoconsommation.
Sans compter que la relance du photovoltaïque sera intéressante du point de vue énergétique national, mais aura aussi des répercussions positives importantes sur l’emploi, notamment dans le secteur du bâtiment, et aussi, idéalement, dans l’industrie si la France était en capacité de produire ses panneaux…

Harold Blanot