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« Société du numérique : c’est la guerre du temps ! » par Claude Lepère de I-Cube

Le monde du numérique est dominé par les plates-formes d’Apple, Amazon, Facebook, Google et Microsoft. Leurs systèmes d’exploitation, services d’e-commerce, web ou leurs connaissances des profils sur les réseaux sociaux orientent nos choix de consommation de contenus livres, vidéos, cartes GPS, smartphones…

Avant d’être internet ou numérique, la révolution est organisationnelle, combinée à une logique de temps et de vitesse. Comme le dit Eric Sherer en 2013, "20% du temps numérique des jeunes de moins de 25 ans est aujourd’hui consacré à faire des choix ! C’est la guerre du temps !".

Philippe Baumard explique qu’en réalité, la dichotomie de la vitesse existe autant sur l’économie réelle que financière. Dans la sphère de l’économie réelle, il y a par exemple une économie d’investissement rapide et une économie qui souffre (mais pas nécessairement à cause de la financiarisation de l’économie). Il décrit aussi les 4 conflits majeurs à venir liés à l’émergence du numérique :

Les conflits des cadres de régulation

Quand on regarde le poids économique des acteurs des BRICS par rapport au poids de ceux qui défendent les cadres de régulation (Europe – Etats-Unis), il est évident que cela va changer. Les BRICS n'accepteront pas une situation où ils travailleraient à des cadres de régulation (cyber sécurité, commerce, finance,…) qui sont à leur désavantage.

Les conflits d’actifs

Nous pensons aujourd’hui que les actifs sont ceux qui servent l’économie industrielle, elle-même en perdition. L’économie numérique est pourtant fondée sur des actifs : capacité de calcul, centres de calculs, salles blanches…

Le conflit de la capture de l’épargne longue

L’épargne longue permet de financer les entreprises. A l’avenir, il y aura des stratégies de capture se basant sur l’extraterritorialité. C’est à dire des stratégies de création de fonds de placements qui se détachent des capacités d’état qui pourront donc de moins en moins se défendre. On assistera dans un deuxième temps à des stratégies de capture et de préemption sur l’épargne longue, ce qui menace la capacité et la souveraineté des états.

Les conflits de perception

Perception des cadres de régulation mais aussi de la numérisation de l’économie. On assiste à une guerre des perceptions et de l’information. Il s’agit d’une guerre d’instrument. Dans le cas de Prism, on n’est pas dans le big data au sens des centres de calcul ou des serveurs mais au sens d’un modèle économique fondé sur la collecte des données personnelles et son caractère global et extraterritorial.

A un niveau plus macro, l’extraterritorialité se concrétise via des acteurs économiques ultra performants qui échappent à toute régulation gouvernementale des espaces sur lesquels ils opèrent. Des groupements de consommateurs et d’industriels pourraient se retourner contre ces acteurs économiques ainsi que contre les états pour avoir collaboré avec eux dans le cadre d’un modèle économique visant la collecte de données personnelles. C’est une tension où la gestion globale des perceptions est directement reliée au modèle de revenus.

Claude Lepère

Fondateur de I-Cube

http://www.i-cube.com/