Ce mercredi 15 novembre, la fédération ATLAS recevait le général Stéphane Mille, actuel chef d’état-major de l’AAE. Entre dissuasion nucléaire, industrie de défense, préparation opérationnelle et analyse des conflits actuels, les sujets évoqués ont posé la base des défis majeurs auxquels seront confrontées les forces aériennes dans les combats de demain.
La nécessité de répondre aux menaces actuelles et futures
« Il est très probable que nous ayons à connaître un accrochage armé dans les prochaines années », commente le général Mille devant les étudiants rassemblés ce soir-là. Le retour brutal des conflits armés symétriques tel que celui déchirant l’Ukraine depuis février 2022, ou plus récemment autour de la bande de Gaza nous rappellent la fragilité de l’équilibre mondial et la pertinence d’une « grammaire nucléaire avec une montée en puissance des forces aériennes stratégiques ». Si les partenariats menés au cœur de l’OTAN sont une réponse aux menaces actuelles, l’autonomie de l’AAE est un élément essentiel dans la stratégie de projection voulue par l’état-major.
« L’agilité et l’innovation sont des éléments clés des conflits aériens d’aujourd’hui », à l’image du conflit ukrainien. Récemment, l’emploi massif de drones à bas coûts dans les conflits armés symétriques a confirmé la nécessité d’accélérer le développement de ces outils. Par leur facilité de mise en œuvre et leur prix attractif, ils constituent en effet une arme redoutable. A titre d’exemple, le général expliquait que « le 14 juillet nécessite 20 heures de lutte anti-drones pour un seul site ». Pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, ce ne sont pas moins de 4000 heures de vol sur 40 sites différents qui sont prévues.
Le développement des chasseurs de 5ᵉ génération
« La modernisation du combat aérien et spatial exige de la haute technologie et une connectivité étendue » : l’évolution du chasseur omnirôle Rafale au standard F4 est un jalon marquant dans l’adaptation de l’outil de défense aux enjeux actuels. Le programme SCAF, notamment mené avec l’Allemagne, est aussi au calendrier des évolutions futures. “On constate une réelle volonté de déployer massivement des flottes de chasseurs 5ᵉ génération. […] En Europe, en 2032 il y aura 600 chasseurs de 5ᵉ génération de type F35”.
Face aux américains et bientôt aux européens, les Russes disposent déjà de leur propre chasseur de 5e génération (SU-57), de même que les Chinois (J-20). En complément de ces évolutions, l’amélioration des capacités des systèmes de détection et de lutte anti-aérienne est aussi prévue par la nouvelle loi de programmation militaire (page 6 du livret).
Un champ de bataille du futur : la très haute altitude
Les défis que doivent relever les aviateurs ne tiennent plus seulement à la préservation de la liberté d’action aérienne, il est désormais nécessaire de prendre en compte la dimension spatiale devenue « un lieu de compétition stratégique ». Le triptyque doctrinal compétition, contestation, affrontement prend son sens dans cette dimension complexe et naturellement difficile d’accès. De la préemption de ressources et d’orbites à la destruction de satellites en passant par l’intimidation, ce champ de bataille est invisible mais pourtant bien réel.
Dans un monde où les affrontements sont une hypothèse de travail pour l’armée de l’air et de l’espace, l’heure est à l’anticipation et à la préparation des forces. « La résilience de notre armée, la compétitivité de notre industrie de défense et la cohésion nationale seront des atouts majeurs pour traverser les crises des décennies futures », a conclu le général.
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