Le mot réseau vient du vieux français « reseuil », qui découle lui même du latin retis, désignant une sorte de filet pour attraper des oiseaux ou des poissons. Le réseau est donc un outil de capture, de l’information par exemple. En anglais, le mot « network » est encore plus révélateur : c’est littéralement un « filet qui travaille ». Il existe par conséquent une véritable dimension dynamique, qui est triple. Tout d’abord le réseau doit être animé sinon il meurt. On veillera à placer à sa tête une personne charismatique et capable de rassembler. Ensuite le réseau vit par l’objectif qu’il s’est fixé. L’ensemble des membres travaille à la réalisation de cet objectif. Un réseau qui en est dépourvu n’est pas viable. Enfin, un réseau est efficace s’il génère des flux, si la communication est permanente. La connaissance doit être transmise pour augmenter les capacités d’analyse de chacun.Ce dernier point précise la grande utilité du réseau : il permet de rassembler et mobiliser des ressources qui ne le seraient que difficilement autrement. L’émergence des réseaux correspond à une modification des structures hiérarchiques. L’Internet en est l’exemple technologique, mais il y a des Hommes derrière qui se sont reliés de fait en réseau. Ceci permet de faire jouer l’effet de levier offert par la technologie et la transmission de l’information en temps réel : dans un contexte de guerre économique, un réseau actif permet d’optimiser le couple vitesse/efficacité dans l’action, la proaction ou la réaction. Il permet en effet de raccourcir le temps nécessaire pour balayer les étapes du cycle du renseignement : capter l’information plus rapidement, alimenter son analyse par la diversité des points de vue et enfin optimiser sa diffusion. Dans un contexte de guerre cognitive, il permet de diffuser la connaissance. Les Etats-Unis l’ont d’ailleurs très bien compris dans leur utilisation du social learning, notamment par la formation d’étudiants étrangers selon les standards éducatifs américains.
Pour qu’un réseau ait un sens stratégique, il faut qu’il ait une prise sur le champ d’action dans lequel il s’inscrit : un quartier, une ville, une région, un pays, le monde, avec une présence adéquate de ses membres. La stratégie réseau, elle, va découler du but recherché et des acteurs qui le composent. La stratégie d’un réseau s’établira à long terme. Pour cela le mot-clé de fonctionnement doit être la connivence. Cela correspond à une logique de transparence dans laquelle chaque membre exprime clairement ce qu’il vient prendre dans le réseau, mais également ce qu’il met à disposition des autres membres et qu’ils peuvent prendre à leur tour. Elle doit également s’appuyer sur plusieurs bases de fonctionnement : -Les points d’entrée dans le réseau doivent être multiples. Chaque acteur doit avoir une responsabilité : la tête de réseau doit les déléguer. Pour que l’acteur pris individuellement puisse agir, il doit également bénéficier d’une marge de manœuvre suffisante. Ainsi le réseau pourra être représenté activement par chacun de ses membres. -Tous les efforts, individuels et collectifs, doivent être concentrés sur un objectif commun clairement défini. Cela permettra d’éviter une dispersion des forces due aux intérêts et aux aspirations personnelles des membres. -Enfin, il ne doit pas être trop contraignant pour ses membres qui doivent assurer d’autres fonctions (vies professionnelle et familiale) en parallèle.
Cependant le réseau comporte certaines limites. Tout d’abord il requiert du temps, pour son animation mais aussi chez ses membres. Ce n’est ensuite qu’un outil dont la valeur dépend de l’utilisation qui en est faite. Enfin, il est aussi le lieu d’affrontements d’influences entre membres, ce qui peut en altérer le bon fonctionnement.