Au sens large lobby désigne tout groupe qui cherche à obtenir des décisions favorables à ses objectifs (matériels voire idéologiques) par pression, action indirecte, y compris à travers les médias. En ce qui concerne le lobbying et à l’inverse de l’Influence ou du « perception management », l’émetteur du message est parfaitement identifié par le récepteur. Celui-ci est en général tout à fait conscient de l’influence exercée par le lobbyiste car il est par ailleurs lui-même souvent demandeur. Si l’on rapproche cet état de fait et la définition du terme, le lobbying prend, en France tout au moins, un caractère parfois sulfureux car souvent associé à la collusion et parfois même la corruption. L’influence d’un groupe de pression portant sur la défense et la promotion d’intérêts strictement corporatiste en effet souvent considérée comme suspecte. Car lorsqu’il s’agit de modifier ou d’influencer une décision politique dans quelque domaine que se soit la seule légitimité reconnue est souvent celle de la rue et non celle des groupes de pression.
Pourtant du point de vue anglo-saxon, l’approche du lobbying est beaucoup plus pragmatique car il ne s’agit ni plus ni moins que de promouvoir le point de vue d’un intérêt collectif auquel le législateur doit répondre favorablement puisque c’est son rôle premier. Charge à lui de faire la part des choses et de concilier l’intérêt général et celui de l’état nation. Dans la majorité des cas le lobbying est donc une forme avérée de stratégie d’influence ciblée. Il peut couvrir alors des enjeux financiers, normatifs, décisionnaires, idéologiques ou structurels. Pour qui sait le mettre en œuvre, le lobbying se caractérise donc par une approche très offensive puisqu’il tend à favoriser par anticipation et de manière durable un environnement favorable. Loin d’être subversif, le lobbying institutionnel ou législatif est officiellement réglementé ce qui en fait une activité d’autant plus légitime que son efficacité n’est plus à démontrer. Malgré cela de nombreuses organisations n’ont pas encore pris conscience que le lobbying est non seulement un métier mais il fait partie intégrante de la stratégie d’entreprise. Il doit être considéré à ce titre comme une fonction à part entière dans l’organigramme. Souvent considéré comme une activité de non droit n’ayant pas sa place au sein de l’entreprise, le lobbying a pour finalité d’établir un dialogue serein entre deux parties au même titre par exemple que l’arbitration. Il permet la mise en place de nouveaux canaux de communication entre les instances décisionnelles et les acteurs du marché qui favorise l’échange direct et rapide d’informations. Le lobbying est aujourd’hui devenu une activité incontournable pour les grandes organisations qui ont trouvé là un levier efficace d’influence mais la grande majorité des acteurs économiques tels que les PME-PMI sont encore très peu concernés par cette approche. Pourtant l’anticipation des nouvelles réglementations dictées par les pouvoirs décisionnelles est fondamentale pour la survie de ces petits acteurs souvent fragilisés par une diversification limitée de leurs activités. Par manque de moyens et certainement paralysés par un profond sentiment d’impuissance les PME se retrouvent isolées et fragilisées sur leur marché concurrentiel. Le lobbying dans sa forme indirecte peut jouer un rôle déterminant pour la préservation de leurs intérêts. Par une approche plus offensive, ils permet aussi de valoriser ce qui fait la force des PME : il s’agit de leurs capacités d’innovation. Pour cela la capacité à peser sur les décisions relatives à des enjeux stratégiques pour les PME doit s’inscrire dans une démarche collective et collaborative et non pas individuelle et unilatérale. Cela sous-tend l’idée que le lobbying s’appuie avant tout sur la mutualisation des moyens de pressions et d’influence dans le cadre d’une stratégie de réseau dont les acteurs ont en commun un certain nombre d’objectifs. C’est ce que M.CLAMEN explique dans son « Manuel du Lobbying » ed.2005. Il existe pour lui une vraie solution calquée sur la solidarité et la convergence d’intérêt que l’on retrouve dans les structures en cluster. Ceux-ci peuvent prendre plusieurs formes telles que les syndicats professionnels, les confédérations multimétiers, les organisations consulaires, les solidarités de filière ou les solidarités géographiques. Il n’appartient plus au pouvoir public d’être l’unique garant des stratégies de ses entreprises. Son rôle est de développer les canaux de communications et organiser l’espace informationnel afin de favoriser les échanges et les mises en commun des savoir-faire. Au-delà d’une simple action d’influence, le lobbying est donc une démarche fédératrice qui résulte d’une action collective et coordonnée dont la finalité est de faire valoir des intérêts convergents.