L’expression patriotisme économique désigne un comportement des pouvoirs publics, des entreprises et des consommateurs visant à favoriser les entreprises nationales et leurs produits, cela au détriment des firmes étrangères. L’objectif de cette démarche, qui s’inscrit dans le contexte d’une politique d’intelligence économique, est de stimuler l’économie nationale. Il peut s’agir de promouvoir la qualité d’un savoir-faire ou de dynamiser la recherche, cependant, le patriotisme économique intègre également un volet défensif qui lui vaut parfois d’être qualifié de protectionnisme. Les petites et moyennes entreprises et les grands groupes peuvent ainsi faire l’objet d’une attention particulière quant à la part de leur capital détenu par des investisseurs étrangers, et par conséquent lors de rumeurs d’offre publique d’achat. La protection du savoir-faire est l’un des enjeux clé du patriotisme économique qui témoigne de la volonté de préserver les atouts compétitifs d’une nation dans un contexte de mondialisation de l’économie. Néanmoins, le patriotisme économique fait l’objet de débats.
Le concept de patriotisme économique a été remis au goût du jour à l’été 2005, Dominique de Villepin ayant appelé les Français au « patriotisme économique » suite aux rumeurs d’OPA sur le groupe agroalimentaire français Danone, Pepsi Cola ayant été soupçonné d’avoir jeté son dévolu sur l’un des fleurons de l’économie hexagonale. Les Etats-Unis ont institutionnalisé la démarche étatique d’intelligence économique en créant le Committee on Foreign Investment in the United States (CFIUS) en 1975 avant de gagner en importance en 1993, ainsi que l’Advocacy Center, deux organismes officialisant le soutien de l’Etat aux entreprises américaines. On peut ajouter à cela le réseau d’interception des télécommunications Echelon, soupçonné de fournir des renseignements à caractère économique aux firmes nationales. En France, la démarche de patriotisme économique s’exprime de façon plus modérée, se cristallisant sur un soutien à l’activité des territoires, aux pôles de compétitivité, et plus généralement à l’innovation. Par ailleurs, l’été 2005 a également vu l’identification par le gouvernement de dix secteurs jugés stratégiques ou « sensibles » à protéger. On compte parmi ceux-ci les activités ayant trait à la défense, à l’armement, à la sécurité des systèmes d’information, mais aussi les biotechnologies, la production d’antidotes, ou les technologies duales. Le patriotisme économique relève de la mise en œuvre de l’intelligence économique au niveau étatique, qui prend peu à peu forme en France tout en restant largement en retard par rapport aux programmes menés outre-Atlantique. L’un des défis du patriotisme économique en France sera de favoriser le développement d’une communauté d’intérêts entre les sphères publiques et privées amenées à cohabiter dans le cadre de la mise en place d’un dispositif d’intelligence économique.