Risque (informationnel)

Définition

«Le risque est désormais beaucoup plus qu’une menace : il est devenu la mesure de notre action.» Ullrich Beck, La société du risque. Le risque est défini comme un évènement aléatoire représentant une menace importante pour un individu ou une communauté d’individus.

Enjeux

Si « le risque zéro » n’existe pas, la volonté de le maîtriser, de l’anticiper, ou de le comprendre, inscrit tout acteur dans la dynamique de sécurité de la société actuelle. La compréhension, la prévention et la gestion des risques deviennent des aptitudes indispensables pour les acteurs économiques et sociaux de la société. Face à la multiplication des risques et à l’émergence de nouvelles formes de risques, les acteurs doivent être capable de s’adapter pour s’émanciper de leur environnement, pour réduire le degré d’incertitude qui pèse sur leur décision.

Perspectives

Commentaires étymologiques: Étymologiquement, le mot « risque » est dérivé d’un terme issu de l’italien médiéval « risco », lui-même dérivé du latin « resecum », qui signifie coupant. La première acception du risque s’inscrit dans la sphère commerciale comme le corollaire de la confiance et de la garantie. Au XIVe siècle, de grandes compagnies d’assurances italiennes désignait par ce terme l’écueil, le rocher escarpé, qui menaçait la marchandise d’un navire lors de son voyage. Pour Condillac, l’un des premiers à l’avoir définit en France, il constitue « le hasard d'encourir un mal avec l'espérance, si nous en échappons, d'obtenir un bien » Mais, c’est au cours des années 1970 que la notion devient une variable sociologique significative. Pour les penseurs de la modernité, la prolifération des risques signe l’avènement d’une société nouvelle. Pour le sociologue François Ewald [1986], le risque est défini comme un mode de représentation qui confère à un évènement donné le statut d’accident, impliquant un processus de réparation. De ce point de vue, il analyse « l’assurantialisation des sociétés » qui consiste à préserver l’état de ses composantes en cas de réalisation de risques urbains, sociaux, naturels, domestiques, sanitaires, etc. Le sociologue allemand Ullrich Beck (1986), considère pour sa part, le risque comme une variable structurelle des rapports sociaux. Selon lui, la production de richesses est systématiquement corrélée à la production sociale de risques. Ce qui rend les individus inégaux face à ces risques, renforçant les inégalités existantes. Le britannique Anthony Giddens (1994) l’associe aussi au développement des civilisations modernes. Ainsi, en plus des risques prémodernes ou externalistes, la société doit faire face à de nouveaux risques qu’elle a créés par son développement industriel. Les catastrophes majeures comme Bhopal ou Tchernobyl en sont des illustrations dramatiques.

Commentaires sur la perception : Au-delà des origines du mot, il est intéressant de s’interroger sur la nature du risque. Notion banalisée, le risque dépend avant tout de celui qui le perçoit. Selon les individus ou les groupes sociaux, il n’aura pas la même portée, ni le même sens. Selon les travaux de l’anthropologue britannique Mary Douglas, le risque serait une construction sociale. Comparant la perception du risque entre les sociétés traditionnelles et les sociétés modernes (1984), ses études avaient mis à jour la variété culturelle de la notion, établissant qu’à chaque forme de vie sociale était associée un ensemble de risques. Ensuite, elle s’est attachée à analyser les différentes perceptions au sein même des sociétés modernes entre individus ou groupes sociaux (1992). Dans cette deuxième approche, elle distingue deux tendances, la riscophobie qui associe le risque à une menace et la riscophilie pour qui le risque représente une opportunité. Sous cette forme, loin d’être une donnée objective, le risque introduit la question de son évaluation. Accepté par la société, un risque est potentiellement moins dangereux pour une organisation que si il ne l’était pas.

Commentaires sur les risques informationnels : Aujourd’hui les nouveaux risques sont de nature informationnelle ou cognitive…