Signaux

Définition

Les signaux sont des signes d’alerte précoces, généralement de faible intensité, difficilement perceptibles, et à première vue insignifiants. Dans un processus de veille, l’analyste devra détecter les messages annonciateurs de ruptures ou de changements. L’enjeu majeur réside dans l’identification et la qualification du signal le plus tôt possible, afin d’optimiser la réflexion stratégique.

Enjeux

Le problème majeur pour une organisation, quelle qu’elle soit, réside dans le captage de ces signaux, notamment parce que l’on a tendance à oublier que ce sont des signaux, autrement dit qu’ils sont porteurs d’un message. Trop souvent, c’est la dimension « faible » qui est mise en avant, au risque de ne pas concentrer son analyse sur ceux qui sont suffisamment pertinents pour l’organisation considérée. Ceci induit deux questions majeures. La première, en amont, concerne la perception de ces signes. Ils peuvent être des faits, des comportements, des idées. Leur caractère est donc multiple, et l’entité doit être capable de cibler ses recherches pour qu’elles soient efficaces. Or ce ciblage dépend directement de la qualité de l’organisation du système de veille. La seconde, en aval, concerne la capacité d’analyse de l’organisation. Un signe en lui-même, pris isolément, ne sera pas signifiant. Il le deviendra si l’analyste effectue des recoupements pertinents et met en œuvre une créativité suffisante dans l’exercice prospectif par lequel il va chercher à déterminer quelle peut être la tendance qui se dessine. Chercher à déterminer les relations entre divers signaux faibles renvoie à ce que l’on nomme la « veille relationnelle ». Les signaux sont donc captés pour aider l’exercice prospectif. Il s’agira par conséquent de détecter les opportunités et les menaces qui pèsent sur une organisation donnée. Au-delà des grandes tendances, les organisations s’intéressent aux mouvements concurrentiels et au décryptage des intentions des acteurs afin de pouvoir s’adapter au plus vite. La mobilité et la rapidité sont des facteurs clés de succès dans une économie où l’information circule en temps zéro. Il faut donc, le plus en amont possible, être prêt à agir, réagir et dans l’idéal « proagir », c’est-à-dire anticiper.

Perspectives

Il est un écueil à éviter dans la collecte de ces signaux. Certes des systèmes d’information bien configurés vont aider leur captage, mais ils n’assureront pas la qualité du travail effectué par la suite. Autrement dit, peu importe la quantité de signaux récoltés quand c’est la qualité qui fera la différence. Penser que la collecte massive d’informations grâce à la mise en oeuvre de technologies de pointe assurera le maintien ou l’amélioration de la compétitivité serait se laisser aller à une dérive techniciste. C’est pourquoi les métiers de la veille ont tendance à évoluer vers un recueil qualitatif plutôt que quantitatif. Nous pourrions prendre comme exemple de cette dérive la volonté des Etats-Unis de vouloir établir un contrôle généralisé des flux d’information. Cela ne leur garantit pas et ne leur garantira jamais le captage de tous les signaux, notamment les signaux pertinents. Les milliers de personnes qui s’activent au sein des services secrets américains ne sont en rien pour les Etats-Unis un gage de sûreté. Ceci met donc en avant un paradoxe : être puissant ne protège pas d’une mauvaise collecte d’informations, ni d’une bonne analyse, et cela n’assure donc pas le maintien d’une puissance, qu’elle soit commerciale ou géopolitique. C’est surtout la qualité de la réflexion menée à partir des signaux pertinents qui va importer. Enfin il est un dernier point qui doit être mentionné : si le captage et la bonne exploitation des signaux faibles est critique pour une entreprise, leur émission l’est tout autant. Il n’est pas possible de tout conserver et de ne rien divulguer. Toute entité en activité va émettre malgré elle des signaux, qu’ils soient positifs ou négatifs. Il est donc crucial d’apprendre à les gérer pour en optimiser l’utilisation. Cela peut servir à adresser des signaux indirects de coordination entre entreprises, mais également à dissuader ses concurrents. Ce sont ce qu’on appelle des signaux délibérés. Ce qui soulève un dernier problème : si les organisations émettent volontairement des signaux, il est possible de se faire leurrer.