Mondialisation

Définition

Forgé dans les années cinquante, le néologisme mondialisation s’est imposé dans le langage courant à partir des années quatre vingt dix . Depuis, elle est au cœur de tous les débats : on l’invoque comme ultime explication des évènements socio-économiques difficiles ou comme alibi de politiques impopulaires, tandis que ses détracteurs les plus résolus la désignent comme le mal absolu à combattre, et pour cause. Devenue le principal élément structurant des relations internationales des quinze dernières années, la mondialisation conditionne et influe sur l’organisation sociale et les perspectives de développement de toute société ou groupe social organisé. Pourtant, rares sont ceux qui savent exactement qu’elle réalité elle recouvre, sous quelles formes elle est à l’œuvre et surtout quels en sont les effets. S’il fallait la définir, on pourrait dire que la mondialisation actuelle désigne l’ensemble du processus d’internationalisation de la concurrence et de l’échange dans l’économie mondiale avec pour première conséquence l’amorce d’une irréversible dynamique d’intrication des économies nationales.

Enjeux

Ce mouvement de mise en concurrence de toutes les économies du monde, y compris celles issues de l’ancien bloc socialo-communiste, nécessairement a aboutit à la formation d’un nouvel espace international de compétition caractérisé par un ensemble de principes idéologiques, de conceptions théoriques,  d’institutions et mécanismes ( tels que l’OMC, le FMI, la B anque Mondiale ), et consacrant le principe de la primauté du pouvoir de la triade: Marché, Entreprise et Capital sur tous les autres pouvoirs. Incontestablement, la vague de libéralisation et de déréglementation entreprise, notamment par nombres de pays en voie de développement dans le cadre des accords du GATT-OMC  pour attirer capitaux et investissements directs  a fortement contribué a accéléré le mouvement d’internationalisation et de l’interdépendance des économies du monde. Mais au-delà du mouvement d’internationalisation de la concurrence et de l’échange, la mondialisation doit son extraordinaire développement à la conjonction de trois phénomènes marquant de la fin du 20ième siècle :
• L’essor fulgurant des T.I.C. et des moyens de transports dont l’éclosion et la rapide propagation a permis de réduire considérablement les délais et obstacles à la circulation de l’information, des capitaux et des marchandises ;
• La chute du mur de Berlin préfigurant la dislocation et la disparition du bloc soviétique et par conséquent la perte de crédibilité politique du modèle socialo-communiste comme  l’alternative au capitalisme de marché occidental. Dès lors, c’est la fin du principal obstacle à l’expansion planétaire de ce dernier ;
• Enfin, le fabuleux  développement du capitalisme financier. C’est probablement, l’un des traits les plus caractéristiques de la mondialisation actuelle : la financiarisation de l’économie mondiale. Il y circule par jour, en moyenne 1500 milliards de dollars alors que la valeur annuelle du commerce mondial est estimée à 5000 milliards de dollars. Cette financiarisation de l’économie mondiale a été facilitée par une recrudescence des activités spéculatives des détenteurs de fonds de pension et l’essor des entreprises multinationales.

Perspectives

Plus prosaïquement, bien qu’elle n’affecte qu’une sélection de pays et d’activités, la mondialisation actuelle peut s’appréhender comme l’aboutissement d’un phénomène de généralisation de l’économie de marché à l’ensemble des économies mondiales. Mais cette mondialisation est aussi perçue comme l’un des vecteurs de propagation et d’imposition des principes et valeurs occidentales -tels que le pluralisme démocratique ou le respect et la défense des droits de l’homme – au détriment des valeurs identitaires et culturelles des autres peuples et sociétés.  Pour ses détracteurs la mondialisation menace, dans une certaine mesure, la sécurité économique internationale ; elle accroît l’incertitude des agents économiques et, favorisant le jeu du marché, elle rend plus difficile les anticipations à moyen et à long terme ; les risques qu’elle engendre appellent par conséquent une réglementation mondiale, juste et efficace . Or, le secteur économique n’étant plus le seul terrain d’expression de la mondialisation, plus aucun secteur de l’activité humaine n’est épargné: le politique, le social, et surtout le culturel sont désormais concerné. Dès lors, la mondialisation soulève pour toute organisation, tout groupe social organisé des défis socio-économiques qui de par leur nature auront des conséquences politiques. D’autant que cette mondialisation, se manifeste comme un phénomène plus subit que choisit et contre laquelle il  s’avère impossible de lutter. D’où, les vives réactions d’hostilité et ressentiments qu’elle suscite de part et d’autre de la société civile. Le développement de la mondialisation n’est pas sans poser de graves risques pour la sécurité et la stabilité des Etats, et donc du monde, dans la mesure où elle consacre la toute puissance du capital financier, le renforcement des multinationales et l’affaiblissement du rôle des Etats, notamment les plus faibles. Or, ce pouvoir de contrôle des Etats est nécessaire, la logique et les objectifs induits par la mondialisation étant opposés à ceux défendus par les pays, à savoir la lutte contre la pauvreté, la préservation de l’unité et de la cohésion sociale, la justice sociale et la préservation de la sécurité nationale. Il y a donc nécessité impérieuse de reprendre le contrôle du mouvement de la mondialisation. Dans le cas contraire, et à force de laisser fragiliser et de réduire ainsi le rôle et la marge de manœuvre des Etats, elle risque de provoquer l’irruption de forces extrêmes non étatiques et qui auront pour objectifs  la destruction de l’ordre politico-économique international actuellement établi.