Mouvement stratégique

Définition

En management, on désigne par mouvement stratégique la liberté et la capacité d’une entreprise à choisir et à manœuvrer parmi les trois possibilités : l’évitement, la coopération, l’affrontement. S’il existe plus de deux cents types de mouvements répertoriés, l’étude des mouvements offensifs indirects a été négligée au profit des actions frontales et directes.

Enjeux

Les entreprises se trouvent aujourd’hui dans une situation de guerre économique, qui est due à l’importance croissante de la mondialisation, qui crée une interdépendance croissante des acteurs économiques, mais aussi politiques et issus d e la société civile, mais aussi à l’utilisation généralisée des technologies de l’information, qui conduit à une accélération des échanges. Cette situation a pour conséquence, outre la multiplication des affrontements, la nécessité pour les entreprises de développer et de s’approprier de nouveaux outils et de nouvelles méthodes de management stratégique. Les méthodes classiques de stratégie intégraient essentiellement des mouvements offensifs frontaux, tels que la guerre des prix, mais le contexte actuel impose le développement de mouvements indirects pour le contrôle de ressources et l’organisation de la compétition. De la même manière que l’analyse stratégique a dépassé l’analyse concurrentielle, les mouvements stratégiques doivent intégrer les nouveaux acteurs de la compétition, que sont les gouvernements et les acteurs de la société civile. Il est donc nécessaire d’utiliser les outils de l’intelligence économique, essentiellement les méthodes offensives de l’influence et de l’infoguerre.

Perspectives

Une fois l’analyse stratégique effectuée, l’entreprise doit mettre en œuvre la stratégie qui en découle. Pour ce faire, elle va réaliser des mouvements stratégiques, qui sont des unités d’action permettant l’aboutissement de cette stratégie. Ce sont des moments critiques pour l’entreprise : elle risque sa pérennité, sa rentabilité et son image dans une société civile toujours plus concernée et impliquée. Dans le cadre des affrontements économiques caractéristiques de l’hypercompétition actuelle, les méthodes d’analyse stratégique visant un positionnement concurrentiel à long terme ne sont plus adaptées : l’entreprise doit adopter une pratique de la stratégie basée sur le mouvement et la vitesse. Les mouvements qui en résultent peuvent être offensifs ou défensifs et doivent être combinés pour une efficacité maximale. La mise en place de mouvements stratégiques doit être préparée par une surveillance de l’environnement et des acteurs impliqués, qu’il s’agisse de firmes concurrentes ou d’autres acteurs. Cette surveillance doit permettre de déployer ses forces au moment le plus opportun, et s’accompagne d’une signalisation qui vise à émettre des signaux rassurants dans l’environnement concurrentiel. Les mouvements stratégiques offensifs sont essentiellement de trois types, frontaux et radicaux (guerre des prix), indirects (prise de contrôle ou interdiction des ressources), ou par harcèlement (déstabilisation, intimidation ou dissuasion). Dans une économie de l’information, ils prennent également la forme d’attaques informationnelles ou d’actions d’influence, qui sont caractéristiques des affrontements indirects. Ce type d’affrontement est de plus en plus courant dans une situation de guerre économique où les compétiteurs issus d’économies émergentes se différencient par une agressivité peu commune. En effet, les relations d’interdépendance des économies impliquent jusqu’ici une certaine retenue dans les actions offensives, aussi bien que dans les ripostes, retenue qui n’est plus de mise aujourd’hui. La mondialisation conduit les cultures de la stratégie à se confronter, et en particulier, les cultures asiatiques de la stratégie qui se caractérisent par la maîtrise de l’affrontement indirect ou « tous contre tous ». La pratique de ce type d’affrontement est marquée par la rapidité et la maîtrise de plusieurs adversaires, ce qui les rend similaires aux affrontements économiques modernes et expliquent en partie le succès des économies asiatiques. Cette approche dynamique de la stratégie a pour effets en termes d’organisation de l’entreprise de remettre le manager au centre du système, dont la stabilité n’est plus garantie qu’à long terme par le résultat de ces nombreux mouvements et par la succession de mouvements offensifs. Les mouvements stratégiques sont de moins en moins planifiés : la multiplication des acteurs, qui ne se limitent plus aux concurrents directs, rend la prévision de leurs actions et réactions difficiles.