Culture stratégique

Définition

La culture est le processus par lequel un groupe s’individualise à une époque et dans un contexte donné. La stratégie est généralement définie comme l’ensemble des moyens mis en œuvre pour atteindre un but. Une culture de la stratégie se traduit donc comme un ensemble d’habitudes de penser, de se comporter et d’agir lorsque l’on doit atteindre un objectif.

Enjeux

La culture de la stratégie est développée par les Etats, dans les affrontements auxquels ils font face. C’est également par conséquent une culture du combat, qui est directement liée à une stratégie de puissance d’un peuple. La recherche d’augmentation de l’indépendance obligent les populations à se confronter et donc à mettre en œuvre un certain nombre de moyens. Les organisations politiques et sociales, mais aussi les croyances, influencent ces cultures et leur confèrent leurs spécificités. Le glissement des affrontements entre Etats sur le terrain de l’économie a conduit à une accélération de la compétition entre entreprises, qui se trouvent dans une situation de guerre économique. Dans ce contexte, les cultures nationales de la stratégie influencent le comportement des entreprises sur les marchés, dans leurs affrontements. La mondialisation a une double influence sur ces cultures : elle augmente la confrontation entre elles, mais conduit aussi à leur érosion, car les entreprises sont multinationales tant par leur implantation, que par leurs recrutements. Certaines entreprises, comme les entreprises japonaises ou coréennes, gardent pourtant une culture stratégique très importante, qui joue un rôle certain dans leurs performances. Cette importance ne doit pas être confondue avec un déterminisme culturel.

Perspectives

La culture stratégique résulte des efforts d’un groupe pour s’organiser dans son environnement, pour assurer sa pérennité et sa place dans le monde. La culture stratégique rassemble un patrimoine intellectuel et d’expériences qui lui a permis de survivre et dans lequel elle puise dans les moments critiques qui nécessitent des changements. Les acteurs traditionnels que sont les Etats nations sont aujourd’hui en perte de vitesse, les affrontements se déroulent aujourd’hui sur un terrain économique. Alors que l’on observe que les modes de vie des populations résistent à l’uniformisation des produits de l’économie de marché, les acteurs de cette économie doivent gérer les conséquences de cette résistance. Le monde occidental a tenté dans les années 80 un langage universel, celui des affaires, et les différences de mœurs économiques ont été assimilées à des retards de développement, alors qu’elles découlent directement des cultures stratégiques des peuples. La question de la culture stratégique se pose également au niveau de l’entreprise dans la façon dont elle gère les affrontements économiques, mais aussi dans sa relation à son environnement. L’ensemble des comportements adoptés par l’entreprise au sein de son environnement résulte de ses choix stratégiques. Ces choix sont le résultat de l’analyse stratégique menée par l’entreprise, mais sont aussi influencés par la façon dont le management envisage l’affrontement et les caractéristiques de ce dernier. Le système des matrices Direct Indirect Anticipation développé par Bernard Nadoulek permet de décrire de manière plus rationnelle les affrontements et constitue à ce titre un système stratégique global. La stratégie directe représente tous les cas de l’affrontement un contre un et les cas où le conflit prend un caractère bipolaire. La stratégie indirecte est celle de l’affrontement entre tous les acteurs, elle est représentée par l’affrontement tous contre tous. Enfin, la stratégie d’anticipation est celle décrite par la formulation « un contre tous » dans laquelle l’affrontement prend un caractère auto centré. Ces trois matrices permettent de décrire l’ensemble des affrontements, mais le caractère changeant de ceux-ci implique de savoir passer de l’un à l’autre et de tous les utiliser. La culture stratégique va influencer le choix de la matrice sur laquelle amener le conflit, car historiquement les civilisations ont rencontré un type d’affrontements plus que les autres. Le modèle direct du « un contre un » est par exemple le mode d’affrontements privilégié par les Etats-nations occidentaux, son expression la plus radicale étant faite par Clausewitz et son concept de la guerre totale. Les civilisations asiatiques privilégient l’affrontement indirect, que l’on retrouve dans le jeu de go et dans les écrits de Sun-Tzu. La mondialisation oblige aujourd’hui les acteurs économiques à intégrer ces logiques et particulièrement à envisager la situation du point de vue de l’adversaire, en se distanciant du sien propre, pour mieux comprendre la situation dans laquelle ils se trouvent.