Le terme de soft power fut pensé et décrit par Joseph S. Nye dans son ouvrage paru en 1990, Bound to Lead. La rédaction de cet ouvrage s’inscrit en contrepoids des thèses qui évoquaient alors le déclin de la puissance américaine, ce dans un contexte de l’après guerre froide qui redessinait le paysage des relations internationales. L’ère du hard power qui voyait les Etats s’affronter directement par le biais de la violence et de la dissuasion arrivait à sa fin et ouvrait la voie à d’autres formes de pouvoir, plus diffuses et davantage basées sur l’influence. Le soft power peut être décrit comme étant la capacité d’un Etat à influencer indirectement d’autres Etats par le biais d’éléments culturels et idéologiques, ce en vue de servir les objectifs de l’instigateur de l’influence. Le soft power peut se manifester sous la forme de coercition, d’incitation, de séduction ou encore d’influence sur le choix des problèmes politiques apparaissant comme prioritaires, avec comme impératifs la crédibilité et la légitimité. La séduction est l’un des principaux leviers du soft power et prend pour matière première un modèle culturel ou une idéologie qui sauront s’imposer à une échelle régionale, voire mondiale, comme référence et donneront ainsi légitimité à celui qui l’aura proposée. Les institutions internationales peuvent être un outil de cette implémentation.
Joseph Nye définit trois types de ressources, les ressources militaires, économiques, et intangibles, inégalement distribuée en partant d’un point de vue américain. Les Etats-Unis sont en position de force quant aux premières, certains pays, dont la Chine viennent concurrencer la puissance américaine sur le terrain des secondes, enfin les ressources intangibles apparaissent comme les plus largement répandues, la majorité des acteurs, étatiques, économiques mais aussi relevant de la société civile en disposant. L’émergence de nouveaux Etats, désormais en mesure de concurrencer les puissances s’étant illustrées tout au long du vingtième siècle, introduit les Etats-Unis dans une nouvelle démarche d’influence et de promotion de l’American way of life et de la consommation à la mode américaine. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication s’affirment peu à peu comme les moyens pour servir cet objectif et inviter les consommateurs à partager les valeurs américaines à titre commercial, à défaut de pouvoir s’exercer dans un cadre politique. Le soft power s’inscrit explicitement dans une démarche d’influence, il s’agit d’un nouveau mode d’exercice du pouvoir dépassant la violence et l’imposition directe d’une volonté. Il s’intègre dans une approche de la pratique diplomatique rénovée et plus globale car s’attachant à l’ensemble d’une population.