Le 21 février 2018, l’Assemblée Nationale a organisé une Commission d’enquête des décisions industrielles, avec une table ronde consacrée à l’Intelligence Économique. À cette occasion, Alain Juillet, ancien membre du Service Action (SA) et Directeur du Renseignement de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) a déclaré que “la France avait perdu sa souveraineté nationale au profit des États-Unis d’Amérique”.
Lorsque le Gouvernement apprend par surprise la vente de la branche énergie d’Alstom à l’américain General Electric, soit les trois quarts du groupe, ce jour du 24 avril 2014, restera, dans les mémoires. Même si après deux mois d’intense bataille politique, l’ancien ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg, serait arrivé à trouver un « accord pour sauver les intérêts français », l’indépendance énergétique et militaire pourrait peut-être, pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, être remise en question. Cet épisode a été récemment détaillé dans le documentaire « Guerre fantôme : la vente d’Alstom à General Electric ».
Entendu lors de la Commission d’Enquête, Alain Juillet, l’ancien Haut Responsable pour l’Intelligence Économique en France auprès du Premier ministre, a mis en évidence que la vente du bijou industriel français Alstom au conglomérat américain General Electric était « une perte de souveraineté », essentielle à la République Française. En effet, le transfert aux États-Unis de la production des turbines indispensables aux sous-marins français à propulsion nucléaire, clef de voûte de la dissuasion nucléaire et de la stratégie militaire de l'État-Major français, est une faute politique majeure.
D’ailleurs, l’ancien commando parachutiste du Service de Documentation Extérieure et de Contre-Espionnage (SDECE), Alain Juillet, a fait un parallèle entre les sous-marins nucléaires français et la récente tentative française de vendre des chasseurs Rafale à l’Égypte. Il apparaît désormais impossible à Dassault de vendre des avions de chasse à l’international sans autorisation du gouvernement américain. La cause est la législation ITAR qui permet d’interdire l’exportation de composants techniques américains, présents dans le Rafale. Or, les fameuses turbines d’Alstom utilisées pour construire nos sous-marins, sont passées désormais sous pavillon nord-américain de General Electric. C’est pourquoi il serait désormais impossible à la France, et donc à l’armateur français Naval Group, de vendre un seul sous-marin dans le monde sans avoir le feu vert des institutions américaines.
Il faut noter la clairvoyance et ces paroles prophétiques du 21ème Président de la République française, François Mitterrand : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. »
La France est encore, à ce jour, la troisième puissance militaire nucléaire au monde après les États-Unis et la Russie. Toutefois on peut se demander si l’Hexagone a la volonté, la stratégie et les armes économiques nécessaires pour préserver son rang et rester membre du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Jean-Charles Carquillat