Mise en ligne du rapport parlementaire d’information sur la diplomatie économique de la France

À l’heure où la scène commerciale internationale est polarisée sur l’affrontement sino-américain, l’Hexagone révèle, à travers la publication du rapport d’information Cordier-Masséglia sur la diplomatie économique française, les enjeux attachés à ce volet spécifique de l’action extérieure de l’État.

La diplomatie économique, notion relativement ancienne mais d’application plus que jamais contemporaine, peut être définie comme « la mobilisation de l’outil diplomatique au service des intérêts économiques ». Elle s’appuie sur trois principaux axes : la conquête des marchés extérieurs par les agents économiques nationaux, l’attractivité du territoire national vis-à-vis des investissements directs étrangers, le développement de l’influence normative au sein des instances internationales de régulation.

La balance commerciale française penche négativement sous le poids d’un déficit chronique de l’échange des biens et d’une dégradation du solde des services. Alors que le commercial extérieur hexagonal dépend largement de certains secteurs (tels l’aéronautique ou la défense), voire de certaines entreprises, la publication parlementaire entend mettre l’accent sur les PME et les ETI, insuffisamment présentes à l’international.

Pour renforcer l’accompagnement à l’export, le rapport propose de « placer la dimension internationale au cœur des politiques publiques » et synthétise près d’une vingtaine de recommandations, qui vont de la préconisation d’une véritable révolution culturelle décisive dans la conduite des affaires commerciales (« il s’agit de passer d’une culture où l’export est vu comme un moyen d’écouler le surplus à une culture de conception  des produits  directement  pour un  marché  mondial (ou  au  moins européen) ») aux mesures de simplification ou de rationalisation des dispositifs publics et parapublics dans l’optique d’une efficacité renforcée. 

Notons également que le rapport met en lumière une relative corrélation entre l’échelle de désindustrialisation d’un État et l’état de son solde extérieur, la faiblesse de la première entraînant la progression du second. À cet égard, cette publication contient une invitation tacite à se rapprocher des conclusions relatives à la poursuite de la reconquête industrielle, issues du rapport d’enquête Kasbarian sur « les décisions de l’État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises d'Alstom, d'Alcatel et de STX, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels ».

Alors que le rapport Kasbarian, publié 6 mois avant le rapport Cordier-Masséglia, reconnaît la dimension offensive de l’intelligence économique comme vecteur de la conquête des marchés internationaux par les entreprises françaises, le rapport Cordier-Masséglia ne semble pas intégrer la veille et l’anticipation au rang des armes à la portée des entrepreneurs désireux de se confronter à leurs concurrents dans la compétition économique mondiale.

Pourtant, l’échiquier économique reste, plus que jamais et pour longtemps, un terrain privilégié pour l’expression des rapports de force entre les puissances. 

Pour consulter le rapport : http://www.assemblee-nationale.fr/15/rap-info/i1241.asp