Fondateur de la société de conseil en veille Inter-ligere, Président du Club IES et auteur de l’ouvrage Voyages au pays des Réseaux humains (Paris, Lavauzelle, 2011), Jérôme Bondu nous a accordé une entrevue et nous a expliqué sa vision de l’intelligence économique.
Historien de formation, Jérôme Bondu a découvert une facette de l'intelligence économique en travaillant lors de son DEA d’histoire sur la « couverture médiatique de la guerre du Golfe ». Il a pu s'apercevoir que son travail de recherche (qui est le fondement même du travail de l'historien) était un bon tremplin pour faire de l'intelligence économique. Cette formation initiale a été complétée par une spécialisation en gestion puis en intelligence économique en 2001. Encore aujourd’hui il cite abondamment lors de chaque formation qu’il anime sur la veille : Sun Tzu, César, Napoléon ou le Père Joseph, …
Selon Jérôme Bondu l'intelligence économique est un outil qui peut s’appliquer à tout type d’entreprise, quelque soit sa taille. L’IE est en même temps « une culture, une dynamique, puis ensuite une organisation, un process et des outils ». Il a de l’IE une définition très ouverte : l’IE est pour lui une opération « d’optimisation de la gestion de l'information ». Lors de ses interventions en entreprise, il cherche toujours à s’appuyer sur l’existant, qu’il cherche à développer plutôt que de créer ex nihilo un système de veille. Le consultant en intelligence économique est à l'information ce que le médecin est au système immunitaire d’un malade : « Le système immunitaire du malade existe mais il est déficient, le médecin vient seulement le renforcer. De même après avoir établi son diagnostic, le consultant en IE vient revivifier la gestion des informations dans l’entreprise, en optimisant sa collecte, son traitement, et sa diffusion. Il n’y a pas de remède miracle. Il faut bien comprendre de quoi souffre l’entreprise pour apporter la bonne solution ».
Jérôme Bondu nous a également présenté son ouvrage Voyages au pays des Réseaux humains, Paris, Lavauzelle, 2011. Pour le réaliser, il a effectué 150 interviews auprès de personnes de tous les horizons : femme de ménage, ancien patron de la DGSE, chefs de grande entreprise, sdf, hackers, policiers, et bien d'autres encore. Ses entretiens avaient pour vocation de rencontrer la « vraie » pratique des réseaux humains, et de s’éloigner de la théorie. Il en résulte une vision « kaleidoscopique » des réseaux humains, riche et très diverse, loin des stéréotypes que l’on pourrait avoir.
Pour conclure, Jérôme Bondu nous a annoncé qu'il envisage d'écrire une thèse sur la sociologie des réseaux humains afin d'étudier comment ceux-ci peuvent servir d'outils et de vecteur d'information.
Raphaëlle Saury