Le 3 novembre dernier, un microsatellite utilisant de l’iode solide comme propergol s’envole vers l’espace. Imaginé en moins de deux ans cette innovation majeure de la propulsion spatiale est le fruit d’une collaboration entre chercheurs français et industriels chinois.
Médaille de l’innovation 2019 du CNRS qu’elle recevra le 12 décembre à Paris, Ane Aenesland est formée en Norvège, elle est recrutée comme chargée de recherche au Laboratoire de Physique des Plasmas, sous tutelle partagée de l’École Polytechnique, du CNRS, de l’UMPC, de l’Université Paris-Sud et de l’OBSOM. Avec son collègue Dmytro Rafalskyi, ils fondent ThrustMe en 2017. Moins de deux ans plus tard, la technologie développée par cette startup immatriculée en France s’envole à bord d’une fusée chinoise de la société SpaceTy.
La révolution technologique de cette startup tient de l’utilisation de l’iode sous forme solide comme propergol, bon marché et sûr alors qu’il est habituellement utilisé du xénon, presque 100 fois plus cher, pressurisé et induisant donc des mesures de sûreté contraignantes. Cette innovation vient soutenir un marché du spatial privé dont la croissance ne faiblit pas et sur lequel les sujets de propulsions sont de plus en plus pesants. Également choisie par le danois GomSpace pour améliorer ses constellations, ThrustMe prend de court ses concurrents comme l’américain Busek et ouvre alors la voie à un marché des microsatellites plus maniables et aux coûts plus bas.
La médaille de l’innovation du CNRS reconnaît depuis 2011 ceux dont le travail révolutionne nos connaissances sur le plan technologique, économique, thérapeutique et social.
Jean-Baptiste Loriers