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Les Etats-Unis lancent la Next G Alliance et prennent date pour la 6G

A défaut de se résigner sur la domination de Huawei sur le marché des équipements 5G et de disposer de leur propre géant, les Etats-Unis ont commencé à se pencher sur la prochaine génération de technologies de télécommunications, de manière à structurer leur stratégie de leadership dans cet écosystème. Naturellement, la Chine se positionne elle aussi pour dominer ce futur marché.

A l’initiative de l’ATIS (Alliance for Telecommunications Industry Solutions), les acteurs de l’industrie américaine des télécoms ont lancé la « Next G Alliance » le 13 octobre dernier. Celle-ci a pour but de définir la stratégie de contrôle du marché de la 6G en prenant position sur les domaines clés que représentent sa normalisation, ses spécifications techniques, sa fabrication et sa mise en service, prévue en 2028 au plus tôt. Cette alliance regroupe les opérateurs mobiles (AT&T, Verizon, T-Mobile), les fournisseurs de technologies et de logiciels (Ciena, Qualcomm, VMware) structurant la chaîne de valeur de cet écosystème, ainsi que Facebook et Microsoft. Elle inclut également Nokia, Ericsson et Samsung, trois équipementiers 5G non-américains.

En effet, les Etats-Unis ne possèdent pas d’acteur de taille sur ce segment depuis le rachat de l’américain Lucent par Alcatel en 2006, lui-même absorbé par Nokia dix ans plus tard. Pour pallier cet inconvénient, il est envisagé de substituer des solutions logicielles telles que le network slicing aux infrastructures réseau, parallèlement aux pressions exercées sur ses alliés pour boycotter Huawei. Ainsi, le dépassement de ce qui pourrait être qualifié de semi-échec sur la 5G par une meilleure structuration de leur écosystème 6G pourrait permettre de rattraper un retard certain et de retrouver la suprématie dans ce domaine.

De fait, selon les livres blancs du groupe japonais Docomo et du coréen Samsung, le potentiel de la 6G laisse entrevoir de nouveaux champs d’applications encore inexplorés par les professionnels de la R&D : un débit bien plus élevé que celui de la 5G (de 10 à 8000 fois selon les premières estimations), une nouvelle dimension (celle de l’espace et des océans), la possibilité d’une réplique numérique en interaction avec son original physique et des puissances de calcul démultipliées en exploitant au mieux les ressources de l’intelligence artificielle.

La Chine, qui a visiblement intégré les opportunités à en retirer, n’a pas attendu son rival américain pour se lancer dans les premiers travaux et créer un groupe de travail sur la 6G dès novembre 2019 autour du ministère des Sciences et des Technologies, valorisant les travaux de Huawei déjà menés sur ce sujet.

Louis-Marie Heuzé