Alors que des offres non engageantes devraient être finalisées ce vendredi 22 janvier 2021, le rachat de la compagnie d’assurance Aviva France voit entrer un nouveau venu : Eurazeo. La société d’investissement française cotée en bourse a déposé son dossier la semaine dernière et voit grand. Selon les Echos, le cador français promet aux investisseurs de doubler de taille d’ici cinq ans pour atteindre 40 milliards d’euros d’actifs.
Parmi les leaders européens de l'assurance vie et dommages, et présente dans douze pays, la filiale française d’Aviva affiche 7,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 115 milliards d’euros d’actifs sous gestion. Des arguments de poids qui annoncent une bataille rude pour les conseillers en fusions-acquisitions à la manœuvre : Rothschild et JP Morgan. Plusieurs facettes du dossier s’annoncent complexes, d’abord la question de la structure de rachat, en bloc ou de manière fragmentée. En effet, le segment vie de la filiale, lié contractuellement à l’Afer (Association Française d'Epargne & de Retraite) dont il est l’assureur, permet à Aviva de puiser une grosse partie de ses bénéfices, mais présente également le défaut d’être un important puits en fonds propres à l’heure où la mue de l’assurance vie se fait dans la douleur.
Néanmoins la Macif est pressentie favorite dans le dossier, notamment par les syndicats d’Aviva qui ont exprimé leur préférence pour une entité française. Puisque le sérieux duo germano-belge Allianz/Athora a vu son offensive sur le dossier échouer, incapable de facto de cocher la case du made in France.
Pour tirer son épingle du jeu, Eurazeo mise également sur son ancrage français. L’entreprise offre une stratégie basée sur le modèle existant des mastodontes du private equity comme BlackStone ou Apollo, à savoir la création d’une “branche à part entière de sa plate-forme d’investissement” comme l’indique les Echos.
Si l’offre est crédible, quid de sa vision à long terme? L’intersyndicale redoute en effet qu’un des leaders français de l’investissement ne voie en Aviva France qu’une opération de plus-value qui serait à terme dommageable pour les quatre-mille cinq cents employés en France et ses quatre-vingt-cinq-mille clients en France. Double problème puisque sont concernés également les 760 000 adhérents français de l’Afer dont le passage sous pavillon étranger mettrait un peu plus à mal la souveraineté française.
De plus, la prédation étrangère n’est pas prête d’être terminée puisque de prestigieux noms comme Apax, CVC ou encore Cinven sont également pressentis à la table finale des négociations, en attendant peut-être que le gagnant souhaite se séparer d’une partie de ses activités.
Sofiane BOURZOUFI