Depuis le XIXè siècle, des dissensions territoriales existent entre la république coopérative du Guyana et le Venezuela au sujet de la région Guayana Esequiba. La récente découverte d’un vaste champ pétrolier au large des côtes de l’ancienne colonie britannique vient détériorer encore un peu plus les relations entre les deux nations. Cependant, la présence américaine et la major pétrolière ExxonMobil risque de dissuader toute tentative de manœuvre militaire de la part du gouvernement Maduro déjà en froid avec Washington.
Lorsque la Guyane Britannique devint indépendante en 1966, une discorde territoriale remontant au XIXe siècle avec le Venezuela est réapparue concernant la possession de la région Guayana Esequiba. Située à l’ouest du fleuve Essequibo, cette zone fut intégrée au territoire de la colonie Britannique lors du traçage des frontières en 1840 qui n’a jamais été jamais reconnue officiellement par Caracas.
Aujourd’hui, c’est sur ce prétexte qu’un conflit pourrait être en passe de se déclencher sous fond de lutte pour l’appropriation du pétrole découvert au large du Surinam et de l’ancienne colonie britannique. En effet, cet immense gisement classé au onzième rang mondial avec des réserves évaluées à 33 milliards de barils est rapidement devenu une source de convoitise pour le Venezuela et sa société nationale pétrolière PVDSA (Petróleos de Venezuela SA). Très rapidement Caracas s’est approprié la zone maritime au mépris du droit international et de la décision de la Cour Internationale de Justice qui devrait statuer entre 2023 et 2024. Par ailleurs, la marine vénézuélienne s’est lancée à plusieurs reprises dans des opérations de harcèlement maritime. Fin 2018, elle a notamment intercepté deux navires de l’entreprise ExxonMobil œuvrant dans des opérations d’exploration sismique sous l'autorisation des autorités guyanaises.
Mais plus récemment, les tensions sont encore montées d’un cran lorsque Nicolas Maduro a appelé le 8 janvier sur twitter à un “grand effort d’unité national” autour de la question de l’Essequibo guyanien qui “appartient historiquement" au Venezuela. S’en est suivi toute une série de provocations dont la dernière en date, le 24 janvier, concerne la captation de deux nouveaux bateaux de pêche guyanais par le Venezuela.
Cependant, la perspective d’une entrée en guerre imminente doit être nuancée dans la mesure où la perspective d’un rapprochement du gouvernement guyanais avec les États-Unis va considérablement inverser le rapport de force. Toutes ces provocations sont aussi une manière de tester la nouvelle administration Biden quant à son degré d’implication dans la défense de ses intérêts pétroliers de la région.
Evan Tirologos
Pour aller plus loin :
–Le pétrole guyanais, une potentielle opportunité pour la sécurité énergétique française