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« Global Britain », retour du Royaume-Uni en Asie Pacifique

Le 1er janvier 2021 marquait la fin de la période de transition entre la Grande-Bretagne de Boris Johnson et l’Union européenne. En écho au slogan « Global Britain », le Royaume-Uni ambitionne d’intégrer l’accord de partenariat transpacifique (PTPGP). Un projet qui dénote une volonté de peser dans le futur poumon économique mondiale asiatique.

Le 1er février 2021, la ministre du Commerce britannique Liz Truss a annoncé la demande d’adhésion faite par le Royaume-Uni pour intégrer le Comprehensive and Progressive Trans-Pacific Partnership (PTPGP). C’est un traité organisant une zone de libre-échange entre 11 pays : Mexique, Japon, Singapour, Nouvelle-Zélande, Canada, Australie, Vietnam, Chili, Malaisie, Pérou et Brunei ; les États-Unis s’en étant retirés le 23 janvier 2017 sous la présidence de Donald Trump. Ce partenariat économique offre un accès facilité à un marché représentant 495 millions de consommateurs soit 13,5 % du PIB mondial. Dès 2018, le Japon de Shinzo Abe encourageait la Grande-Bretagne à intégrer l’accord.

Le rôle de ce traité dans la politique britannique est à regarder à plusieurs échelles. Outre l’ouverture à un vaste marché, c’est avant tout une double tentative britannique d’appareiller son économie, mise à rude épreuve en 2020, au développement des pays asiatiques, ainsi qu’un signal envoyé aux Européens. Boris Johnson à travers la politique ambitieuse du « Global Britain », veut parvenir à conclure de nombreux accords de libre-échange, notamment avec les États-Unis, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, ainsi qu’avec des pays d’Asie, d’Afrique, du Golfe, ou d’Amérique du Sud ; c’est dans ce cadre qu’a été signé le 23 octobre 2020 l’accord avec le Japon.  Ce projet politique a comme leitmotiv de redonner à la Grande-Bretagne une autonomie, tout en prenant en compte les réalités d’un monde interdépendant.

Selon le Telegraph, le PTPGP était supposé devenir « la pierre angulaire du “pivot” stratégique du président Barack Obama vers l’Asie » et permettre aux États-Unis d’Amérique de réaffirmer leur « hégémonie économique » sur la Chine. Moins d’un mois après l’investiture de Joe Biden, ancien vice-président de B. Obama à la tête de la Maison-Blanche, il est légitime de s’interroger sur la réelle volonté d’autonomie des autorités anglaises.

Toutefois, cette demande d’adhésion offre potentiellement l’opportunité à la Grande-Bretagne d’utiliser le PTPGP comme levier d’influence en Asie-Pacifique, tout en envoyant un signal clair au monde entier, notamment aux pays membres du Commonwealth. Elle permet aussi au Royaume-Uni d’enfin dépasser l’image d’un pays englué dans un interminable Brexit et d’au contraire renouer avec une stature de pays chantre du libre-échange. 

 

Paco Martin

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