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Vers une concentration des revenus du football

Vendredi 19 mars 2021, Gianni Infantino, président de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), a déclaré voir d’un bon œil une fusion entre les premières divisions américaine et mexicaine de football. Ces propos s’inscrivent dans la continuité des propos des hautes sphères du football mondial, où tout converge vers une prise de pouvoir des clubs les plus puissants, laissant les autres laissés pour compte.

Dans une visioconférence,  le président suisse de la FIFA a déclaré: « Le potentiel des États-Unis et du Mexique, chacun de son côté, est énorme. Mais bien sûr, si vous pouviez les réunir, ce serait incroyable. Si nous voulons que les clubs atteignent le plus haut niveau au monde, pas seulement en Europe, bien sûr que nous devons avoir de nouvelles idées. » Ces propos rejoignent un constat global dans le football mondial, à savoir le regroupement de clubs pour constituer de nouvelles ligues ; le projet de rassemblement entre les premières divisions belges et néerlandaises pour former une « Beneleague » en étant un autre exemple récent.

L’objectif est de regrouper dans un seul championnat, deux ligues voisines pour tirer le niveau vers le haut afin d’être plus visible et générer toujours davantage de bénéfices. C’est également une finalité pour ces clubs de rester visibles et attractifs, alors que la récente réforme de la Ligue des Champions ou encore  le projet de Super Ligue Européenne et Africaine consacrent une place toujours plus importante aux meilleurs clubs au détriment des clubs plus modestes.

Cet engouement peut réjouir certains observateurs sur une probable hausse de niveau mais cache des réalités plus sombres, car cette lutte d’influence sur le football mondial au profit de quelques heureux élus laisse beaucoup de clubs sur la touche. En effet, ceux qui ne bénéficieront pas de l’exposition et des revenus liés à ces nouveaux championnats seront livrés à de nombreux risques, de la fuite de leurs talents à une possible disparition, d’autant plus avec des finances exsangues liées à la pandémie. Déjà, le championnat mexicain avait été transformé en une ligue fermée à l’image de la NBA aux Etats-Unis, entraînant la suppression de la seconde division, et la disparition de nombreux clubs. L’objectif de cette guerre informationnelle est de faire oublier que le regroupement des championnats n’a pas vocation à assurer le spectacle mais diminuer le risque sportif et de permettre à une élite de clubs de pouvoir gagner l’ensemble des parts de marché du secteur.

Dès lors, il convient de s’interroger de la pertinence de cette monopolisation des clubs motivée pour des questions principalement financières, quitte à se détacher de leurs attaches nationales, mais aussi locales ; la place des supporters locaux étant de plus en plus remise en question.

Thibault Menut

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