Licornes et souveraineté, l’enjeu majeur d’un modèle français pour l’économie européenne

Spendesk est devenue ce mardi 18 janvier la 26ème licorne française, dans un contexte de forte accélération des investissements au sein de la French Tech. C’est l’occasion pour le gouvernement d’afficher attractivité et dynamisme économique pour rattraper le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Le 17 janvier, Emmanuel Macron, dans un communiqué de l'Élysée, saluait l’arrivée de la 25ème licorne française, Exotec, avec trois ans d’avance sur l’objectif initial établi en septembre 2019. Ces levées de fonds exceptionnelles se sont intensifiées depuis le début de l’année 2022 avec cinq nouvelles arrivées dans le club fermé des licornes françaises. Sur la même période, la French Tech a recensé 2 milliards d’euros d'investissement en moins d’un mois. Toutefois, ces perspectives prometteuses pour 2022 sont à nuancer. Les difficultés des licornes françaises à dépasser les 10 millards de valorisation, à devenir des "décacornes", persistent toujours. 

Dans le contexte de la présidence française de l'Union européenne, il s’agit pour le gouvernement français de convaincre les investisseurs de remettre la réindustrialisation au centre des problématiques de souveraineté, comme l’avait annoncé le plan France 2030. Pour autant, les secteurs concernés comme le retail, la fintech, le divertissement ou le commerce sont très concentrés et peu révélateurs de problématiques industrielles. On peut s’interroger sur la corrélation réelle entre les effets d’annonces issus d’une explosion des investissements et les effets concrets sur l’insertion professionnelle.

Paris ne parvient pourtant pas à rattraper son retard sur Londres et Berlin, et cela en dépit d’une année 2021 particulièrement faste avec 11,1 milliards d'euros levés. La French Tech se trouve donc confrontée à un double enjeu en ce début d’année : concrétiser ses ambitions vis-à-vis des ses voisins européens, et surtout, faire émerger des champions dans des secteurs stratégiques. Parmi les domaines prioritaires, l’industrie et l’agriculture se trouvent en tête. C’est en s’appuyant sur les forces du terrain que les licornes deviendront des chevaux de trait.

 

Antoine Cornu

 

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