Lors d’une cérémonie qui s’est tenue à Kampala, en présence de Yoweri Museveni, Président de la République d’Ouganda, de Patrick Pouyanné, Président-directeur général de TotalEnergies et des représentants de la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), de l’Ouganda National Oil Company (UNOC) et de la Tanzania Petroleum Development Corporation (TPDC), les partenaires du Lake Albert Development Project ont annoncé le lancement de ce projet majeur représentant un investissement total d’environ 10 milliards de dollars. Symbole des enjeux de développement économique de la région, ce projet fait l’objet de nombreuses luttes entre les différentes parties prenantes.
Le Lake Albert Development Project comprend les deux exploitations pétrolières de Tilenga et Kingfisher, respectivement opérées par TotalEnergies et par la CNOOC, ainsi que la construction du East African Crude Oil Pipeline (EAOC) entre l’Ouganda et la Tanzanie. Les partenaires en amont sont TotalEnergies (56,67 %), la CNOOC (28,33 %) et l’UNOC (15 %). La production des champs pétroliers en Ouganda sera transportée vers le port de Tanga en Tanzanie par l'oléoduc transfrontalier EACOP, dont les actionnaires sont TotalEnergies (62 %), UNOC (15 %), TPDC (15 %) et CNOOC (8 %).
Cette décision finale d’investissement, représente le plus gros projet pétrolier au monde en 2021 et marque une position française de coopération avec la Chine sur le continent africain. Avec des réserves estimées entre 25 et 30 ans et un pic de production estimé à 230 000 barils par jour, cette exploitation pétrolière permettra la création de 160 000 emplois directs en Ouganda.
Cette annonce, une réussite pour le secteur pétrolier, a suscité de vives critiques, notamment de la part d’ONG françaises et ougandaises. Cela laisse apparaître un succès en demi-teinte, car à l’aune des efforts actuels de lutte contre le changement climatique ainsi que le pic pétrolier qui se profile, la stratégie de cet investissement est questionnable. Notamment, le projet qui pourrait rejeter « 33 millions de tonnes de CO2 par an, soit plus de trente fois les émissions annuelles de l’Ouganda et de la Tanzanie réunis » menacerait également 4 000 personnes d’expropriation, et Total a fait l’objet de plusieurs procès par des ONG et a été condamné par la justice française. Déjà, 11 banques se sont retirées du projet d’investissement du Lake Albert, dont HSBC, United Overseas Bank, Mizuho ANZ, Barclays, BNP Paribas, Crédit Agricole, Crédit Suisse, Royal Bank of Canada, Société Générale et UniCredit.
S'il est évident que l’Afrique a également le droit d’aspirer à un développement économique comparable à celui qu’ont connu les pays occidentaux et que la présence française sur ce continent demeure un enjeu stratégique, il ne faut pas sous-estimer les conséquences économiques d’un manque de considération des problématiques environnementales et sociales d’un tel projet.
Ambre BARRIA
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