Le 24 octobre, le tribunal de commerce de Lille a placé la société Carelide, le seul fabricant français de poches de perfusion, en redressement judiciaire. Selon les informations du média Challenges, Carelide est susceptible d’être rachetée par un concurrent allemand. L’Etat français risque alors de perdre un symbole de sa souveraineté sanitaire.
"Si, demain, Carelide disparaît, l'Etat n'a plus de laboratoire 100% français pour le paracétamol", exprimait le patron de l'usine, Claude Debeauvais. Avec un chiffre d'affaires de 41 millions d’euros en 2020 et 450 employés, Carelide est un acteur mondial dans la fabrication de médicaments pour perfusion et dispositifs médicaux, et distribue dans plus de trente pays sur trois continents. Pourtant, en France, Carelide ne représente que 15% des parts du marché national.
Carelide était déjà dans une situation difficile en 2019 : retard d’automatisation, non-conformités majeures, nombreuses pertes d’appels d’offres, hausse des prix du plastique et concurrence étrangère accrue ont fait chuter sa part dans le marché français de 30% à 15% – les hôpitaux français, pour réaliser des économies et pour garantir leur stock dans la crise de la Covid-19, auraient privilégié le fournisseur allemand Fresenius.
Malgré l’aide publique de 5,1 millions d’euros apportée en avril 2021 ainsi que deux prêts garantis par l’Etat pour redresser la société, Carelide est en faillite. Vincent Labis, administrateur judiciaire, attend désormais des offres de reprise, qui doivent être déposées avant le 13 janvier prochain.
Alors que la France doit s’inscrire dans une reconquête de puissance pour garantir sa sécurité sanitaire après la crise de la Covid-19, elle pourrait de nouveau perdre un acteur de son indépendance stratégique dans la fabrication de médicaments et dispositifs médicaux.
Agnès Crépy
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