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Pétrole vénézuélien, à l’aube d’un basculement des relations diplomatiques et commerciales sur fond de guerre ?

Eni a pu reprendre ses importations de pétrole brut vénézuélien après un allégement des sanctions américaines. Cette volte-face des occidentaux, pour assurer leur sécurité énergétique avec le retour de la guerre en Europe, laisse entrevoir un renouveau des relations diplomatiques de la république bolivarienne avec l’Union européenne mais aussi son allié russe.

Le géant italien des hydrocarbures Eni devrait finalement pouvoir réaliser la livraison de l’équivalent d’un million de barils de pétrole brut vénézuélien après avoir obtenu une dérogation aux sanctions américaines, au mois de juin. Cependant, pour le Vénézuéla et Petróleos de Venezuela SA (PDVSA), déclarés en « défaut partiel de paiement » sur des emprunts obligataires en 2017, cette reprise des transactions devrait s’effectuer dans le cadre d’un échange dit « pétrole contre dette » afin de permettre le remboursement de leurs créanciers.

Pour replacer cette annonce dans son contexte, le Vénézuéla fait l’objet de sanctions américaines depuis 2006 en raison de son manque de coopération dans la lutte contre le narcotrafic, la corruption et le terrorisme, mais aussi de violations répétées des droits de l’homme. En 2019, sous la présidence Trump, les États-Unis étaient allés jusqu’à rompre leurs relations diplomatiques avec Caracas après la réélection, boycottée par l’opposition, de Nicolas Maduro pour un second mandat. De nombreux pays, dont la France et l’Union européenne, avaient suivi les américains en reconnaissant Juan Gaido, leader de l’opposition, comme « Président par intérim ». Ces événements avaient été suivis d’un durcissement des sanctions envers PDVSA, la compagnie pétrolière étatique, assurant la rente du gouvernement de Nicolas Maduro. Les États-Unis avaient notamment ordonné le blocage et la saisie de tous les biens et intérêts liés à PDVSA et placés sous le ressort de leurs juridictions dans le but d’affaiblir le régime.

Cependant, la mise au banc des matières premières russes après l’invasion de l’Ukraine, semble faire tourner le vent en faveur du pétrole vénézuélien. En effet, au mois de juin, Washington a donné son feu vert à Repsol et Eni pour reprendre les livraisons de pétrole brut vénézuélien vers l’Union européenne dans le but d’aider cette dernière à pallier sa dépendance aux hydrocarbures russes. En marge du G7 en juin, Nicolas Maduro avait déjà invité les pays occidentaux, dont la France, à acheter du pétrole vénézuélien après que de nombreuses voix se sont levées en faveur d’une diversification des approvisionnements sur les marchés pour contenir l’impact  du conflit ukrainien sur les prix. Reste à savoir si des contreparties seront attendues en échange de la levée de l’interdiction d'exporter du pétrole vénézuélien.

 

Sacha Lacourt

 

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