Le projet de constellation européenne IRIS² adopté par le Parlement Européen

En difficulté avec son lanceur nouvelle génération Ariane 6, l’Europe se lance à la concurrence de SpaceX avec sa constellation IRIS². Adopté à la quasi-unanimité ce mardi 14 février (603 votes pour, 6 contres et 39 abstentions) par le Parlement Européen, le futur réseau souverain européen verra son déploiement complet en 2027.

Suite au projet porté depuis janvier 2021 par le commissaire européen Thierry Breton, l’Union Européenne va lancer son troisième grand programme satellitaire. Baptisée IRIS² pour « infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellite », la constellation a pour ambition de doter les pays européens membres de l’Union d’un réseau de communications par satellite hautement sécurisé. Son usage sera consacré aux gouvernements pour des missions de communications, de surveillance des frontières et de gestion des crises. Mais le rôle d’IRIS² ne s’arrête pas là. En effet la constellation assurera aussi la couverture de zones blanches, mal connectées à Internet à haut débit. Par ce projet, l’UE investit donc dans sa souveraineté et son autonomie et concurrence Space X et son réseau STARLINK ou encore Amazon et son projet KUIPER.

Estimé à 6 milliards d'euros, l’ambitieux projet sera porté et financé par un partenariat public/privé. En l’espèce, 2,4 milliards d’euros seront apportés par des fonds communautaires, l'Agence Spatiale Européenne investira environ 750 millions d’euros et le reste du financement sera apporté par des consortiums industriels et les États membres. Sur le plan technologique, la constellation sera composée d’une flotte de quelques centaines de satellites en orbite terrestre basse. IRIS² devrait bénéficier de technologies de pointe comme le cryptage quantique et sera dotée de protections contre les cyberattaques. 

Troisième pilier du développement spatial européen après Galileo et Copernicus, l’Europe veut ancrer le projet dans son territoire. Ainsi, 30 % de la conception de l’infrastructure sera réservée aux start-ups et PME. Comme l’explique Thierry Breton, IRIS² sera un levier pour mettre en avant les pépites du New Space, et « faire de l’Europe une véritable puissance spatiale ». Mais les grands acteurs du spatial européen ne seront pas exclus. Parmi eux, la France devrait être particulièrement bien représentée, avec des noms comme Eutelsat Communications. Arianespace et Thales Alenia Space sont également attendus dès les premiers appels d’offres, qui débuteront au printemps 2023. 

 

Louis Turpin pour le club Droit & IE de l’AEGE

 

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